Le progrès est-il une idée comme les autres?

Résumé du document

A l'heure actuelle, le progrès est une idée très en vogue. Lors des élections présidentielles de 2002, toutes les personnalités politiques, qu'elles soient de droite ou de gauche, se réclamaient du courant progressiste.
Croire au progrès, c'est avoir la conviction que l'avenir recèle des ressources pleines de promesses. C'est la garantie d'une société en marche pour l'amélioration de la condition humaine.
Mais, selon Etienne Klein, l'idée de progrès est chose difficile, sinon à définir, du moins à évaluer.
Toutefois, Théodor Shanin affirme que le concept est d'une simplicité extrême : « malgré quelques aléas, toute société se déplace régulièrement vers le "haut", le long d'une route qui l'éloigne de la pauvreté, de la barbarie, du despotisme et de l'ignorance pour la conduire vers la richesse, la civilisation, la démocratie et la Raison (…) C'est un mouvement irréversible jusqu'à un monde unifié, simplifié et rationnel ».
Mais, aujourd'hui, de plus en plus de penseurs évoquent l'idée de progrès comme un courant dépassé. Qu'en est-il donc ? L'idée de progrès est-elle une idée comme les autres ?

Extraits

[...] Le progrès matériel entraîne le progrès moral et de facto, le bonheur matériel peut entraîner le bonheur moral. Une idée unanimement partagée Ainsi, le concept de progrès, devenu outil principal d'orientation dans la complexité du monde, s'est rapidement mis à vivre d'une vie propre. Pierre-André Taguieff dans Le sens du progrès rappelle que le concept pénétra alors progressivement les jeunes disciplines académiques des sciences sociales, la sociologie, l'anthropologie et l'économie. On le retrouve aujourd'hui sous forme de théories de la modernisation de stratégies de développement ou de programmes de croissance L'idée de progrès est devenue universelle, dépassant les clivages idéologiques. [...]

[...] Raymond Aron, Les désillusions du progrès. Jean-Michel Blanquer, Changer d'ère. Danielle Dehoux et Yves Grafmeyer, Progrès technique et changement social. Théodor Shanin, L'idée de progrès. Jean-Michel Ducomte, La revanche de Prométhée, quelques réflexions sur l'idée de progrès. Alain de Benoist, Brève histoire de l'idée de progrès. [...]

[...] Il y a une véritable dynamique faite d'exigence de dépassement infini, d'énergie volontaire pour transformer les choses et les événements, de projet historique qui casse l'éternel retour, de volonté de conquête, d'incessante ouverture sur la nouveauté etc, etc . Avec l'idée de progrès, la marche de l'humanité vers le bonheur est interprétée comme le parachèvement du bonheur moral. Pour les hommes des Lumières, étant donné que l'homme agira à l'avenir de façon toujours plus éclairée la raison se perfectionnera et l'humanité deviendra elle-même moralement meilleure. Le progrès, loin de n'affecter que le cadre extérieur de l'existence, transforme donc l'homme lui-même. Un progrès acquis dans un domaine se répercute nécessairement dans tous les autres. [...]

[...] L'idée de progrès est- elle une idée comme les autres ? I Pourquoi l'idée de progrès ? La naissance et l'évolution du concept Une des 1ères difficultés est de définir cette idée toute particulière de progrès. En effet, les définitions qui existent sont nombreuses Le progrès peut se définir comme un processus accumulant des étapes, dont la plus récente est toujours jugée préférable et meilleure, c'est-à-dire qualitativement supérieure. Il s'agit donc d'un changement orienté, et orienté vers le mieux, à la fois nécessaire (on n'arrête pas le progrès) et irréversible (il n'y a pas globalement de retour en arrière possible). [...]

[...] Sur quoi débouche le progrès, pour autant qu'il débouche sur autre chose que lui-même ? Ici, les libéraux ont tendance à croire à un progrès indéfini, à une amélioration sans fin de la condition humaine, tandis que les socialistes lui assignent plutôt une fin heureuse bien déterminée. Une autre question tout aussi importante est celle-ci : le progrès est- il une force incontrôlée qui intervient d'elle-même ou bien les hommes doivent-ils intervenir pour l'accélérer ou supprimer ce qui l'entrave ? [...]