Tout petit déjà, je découvre le monde, j'apprends à marcher et à parler, j'apprends à me nourrir, à respecter mes frères et à devenir Homme. M'observant ma mère me disait souvent : « tu fais de grands progrès ». Quel bonheur pour le jeune garçon que ces « progrès » auxquels sa famille porte tant d'attention et qui excitent leur enthousiasme. Plus tard les mots sont lancés par le professeur de CM2 sur le bulletin trimestriel : « en progrès ». Il y a toujours depuis la naissance une certaine idéalisation du progrès qui semble être ce qu'il y aurait de meilleur pour l'enfant. Ce progrès est l'alliage d'un apprentissage et de l'acquisition de connaissances et de techniques nouvelles : la lecture, l'écriture, le dessin, etc. Pourtant en grandissant le jeune enfant découvre que le progrès est de plus en plus problématique. Comme si le progrès n'était pas évident. Ainsi il pourra peiner dans certains domaines et exceller dans d'autres. Au-delà de cela il se demandera même en étudiant l'histoire de l'humanité si le progrès ne serait pas une notion vide ? En effet, passionné des Aztèques et de la Deuxième Guerre Mondiale, il se demande s'il peut croire en un « progrès » qu'aurait fait l'homme avec les siècles ? Ces problèmes attachés à la notion de progrès doivent susciter notre interrogation. En effet, qu'est-ce que le progrès ? On peut s'accorder que c'est l'opposé de la régression et que c'est un terme positif qui tendrait vers le mieux voire vers le bien. Mais à quoi rattacher ce concept ? A l'homme d'abord et à son histoire, à ses techniques et à sa maîtrise du monde. Le problème que pose un concept tel celui de progrès c'est que c'est un « non concept » un peu comme les concepts de bonheur ou de liberté. En effet on peut s'accorder à donner un sens général au progrès mais on ne peut donner de définition claire. Chacun voit le progrès selon ses goûts, ses passions et selon sa culture et son éducation. Pour plusieurs le progrès sera la logique de toute chose, pour d'autre ce sera l'impossible ou encore pour certains ce sera la marche de l'Humanité uniquement.
[...] Ici en concordance avec l'avancée dans le temps on pourrait considérer un progrès. Mais en y regardant bien l'Histoire va-t- elle de paire avec l'idée de progrès ? Pensons aux réflexions de Burke sur la Révolution Française qui remettent en cause la volonté des révolutionnaires de vouloir faire table rase du passé et de considérer que le passé est justement dépassé et moins bon que le présent qui est progrès ! Il semble difficile de l'admettre. En effet notre analyse nous conduit à comprendre que le progrès est surtout technique. [...]
[...] Il aurait pas éducation sans progrès. Or l'éducation conduit à la vie en société et ce serait donc ce qu'on appelle progrès que cette société. Selon Thomas Hobbes avec sa figure mythique du Léviathan la société est un bien, elle permet de sortir d'un état de nature de guerre de tous contre tous et c'est donc un progrès. De même alors chez l'enfant qui s'extirpe de sa condition d'inconscience juvénile et qui en progressant prendra justement conscience et apprendra à vivre en société. [...]
[...] Etant un tel moyen il ne saurait être un concept absolu et effectif universellement et de tout temps, même, il serait impossible, autant que notre lutte contre la mort est vaine. Mais alors faut-il jeter le concept de progrès ? Ne peut-on pas le comprendre comme la nécessité du corps et du cœur ? Il serait impossible de renier un concept aussi présent chez l'Homme. On pourra en effet le critiquer ou souligner sa part d'illusion, pourtant n'y a-t-il pas du bon dans l'illusion ? Serait-il encourageant de penser l'Histoire de l'Homme comme un éternel retour ? [...]
[...] Le progrès est-il véritable d'ailleurs ? Nous ne pourrons en juger que dans des dizaines d'années. La dialectique hégélienne semble admirable et louable au niveau de l'intériorité de chacun mais peu réaliste pour ce qui est du progrès humain en général. Notons aussi donc que chez Hegel et même un peu chez Marx le progrès émane d'un mal et donc apparaît bien l'idée que le progrès n'est pas continu et est sans cesse interrompu même si c n'est qu'éphémère. On hypothèquera alors l'idée que le progrès n'est pas s'il ne peut être ininterrompu. [...]
[...] Le progrès serait aussi le moteur de cette ouverture. Il pousse l'Homme à respecter ou du moins à considérer ce qui a été fait et ce qu'il faut continuer ou dépasser. Au final nous pourrions n'aborder le progrès que maintenant que nous avons compris tout ce à quoi il ne faut pas le rapporter. Il ne faut pas le rapporter au bien ou au mal, ni au temps, ni au bonheur. Non il faudrait se montrer plus pragmatique et plus observateur de l'homme en particulier et se dire que le préjugé du progrès est un moteur qui semble nécessaire à une vie. [...]
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