Le mal est-il inhérent à la société ? Quelle en est la cause ? Autant de questions se posent à la conscience des chrétiens qui doivent suivre la loi divine pour accéder au Bien. En effet, ceux-ci se demandent pourquoi Dieu aurait-t-il permis le mal s'il les désirait voir faire le bien ! Cette liberté pour l'homme de choisir entre bien et mal pourrait se révéler inutile et dangereuse, en causant du tort puisque l'homme peut « mal user » de sa liberté en faisant le mal.
C'est précisément à ces questions que Rousseau veut répondre. Il le fait par la bouche du « vicaire savoyard », personnage de « l'Emile ». Loin de toucher uniquement au domaine de la foi, ces interrogations sur la liberté et le mal donc la morale répondent à de grandes questions philosophiques. Mais l'explication qui est donnée dans ce passage qui est « une profession de foi » demeure une explication d'ordre religieux. En effet, dans une société ou l'Etat et l'Eglise sont en interdépendance continuelle, il est très difficile d'aborder des questions profondes touchant à la foi sans soulever des polémiques, subir des poursuites ou des menaces pour « blasphème ». Aussi Rousseau prend-il ses précautions pour aborder ce sujet, en parlant au travers la bouche d'un vicaire, c'est à dire d'un prêtre dépendant d'un curé.
Après avoir affirmé que ce n'est pas la Providence qui influence les actions de l'homme et engendre donc le mal, le vicaire emploie un syllogisme pour prouver que c'est l'Homme contemporain qui est cause ses vices et qu'il peut s'en débarrasser en retournant à l'Etat de nature. Il conclut en affirmant que l'homme doit se résigner à cette réalité, c'est-à-dire qu'il doit se considérer comme auteur de son mal et que le retour à un comportement digne de l'homme primitif peut l'amener au bien
[...] Ainsi, cette profession de foi est une négation de la prédestination et affirme l'homme comme un être capable de mal. Mais sa liberté ne l'encourage pas au mal, elle lui permet de choisir le bien, de jouir de la satisfaction que cette décision procure. L'homme auteur du mal dans les sociétés contemporaines doit être éduqué pour se comporter en accord avec la nature primitive de l'homme, c'est le seul moyen pour qu'il ne souffre plus du mal, qu'il fasse le bien, qu'il accède enfin au bonheur. [...]
[...] Or la Providence ou Dieu ne souhaite nullement que par liberté qu'elle lui donne l'homme fasse le mal. Néanmoins, elle ne l'empêche pas de le faire ! Le vicaire donne deux raisons possibles à cet état de fait, exprimées par l'alternative soit que ( ) soit que La première serait que l'homme mortel représenterait une créature si infime comparée au Dieu éternel, que ses actions personnelles et le mal qu'il commet seraient si faibles au regard de la toute puissance de l'être suprême, qu'elle lui apparaîtraient quasi inexistantes. [...]
[...] Par la question la douleur du corps n'est-elle pas un signe que la machine se dérange, et un avertissement d'y pourvoir ? l'auteur affirme que le mal physique, comme la douleur par exemple, puise son origine dans un disfonctionnement du corps issu d'un mauvais comportement, comme un signe d'alarme qui incite à y remédier pour continuer à vivre. Puis il fait prendre conscience au lecteur, de la même manière, que l'homme est à l'origine du mal moral. Ceux qui agissent en faisant fi de la morale, les méchants sont ces hommes qui créent le mal dans leur propre vie et dans celle de leurs voisins. [...]
[...] Par la en vertu de la liberté que Dieu lui a accordée, l'homme peut faire des actions approuvées ou condamnées par la morale. C'est cette contingence qui fonde la moralité, dont le respect élève l'homme en en faisant une créature vertueuse, à la différence de l'animal qui n'en a pas conscience. Et cet homme qui respecte la morale et fait le bien non seulement comble Dieu, mais connaît un état de félicité inégalable, s'il a le sentiment de bien user de ses facultés. [...]
[...] La seconde raison serait une doctrine du moindre mal. Elle stipule en effet que l'intervention de Dieu pour empêcher l'homme de faire le mal entraverait sa liberté. Or, selon Rousseau (discours sur l'inégalité), la liberté est l'apanage spécifique de l'homme, qui le constitue en espèce : l'homme est un animal doué de liberté. Ainsi, une telle intervention de la part de Dieu annihilerait ce qui fait la condition naturelle de l'homme, ce qui serait un mal plus grand encore que de lui laisser faire le mal. [...]
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