« Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son côté, je ne croirai point. ». C'est ce qu'affirme Saint-Thomas, un des compagnons de Jésus, suite à la résurrection de ce dernier : absent lors de son apparition, Saint-Thomas ne veut croire en celle-ci qu'après avoir vu les stigmates du Christ. D'où la formule suivante, également dite par Saint-Thomas « Je ne crois que ce que je vois », qui nous montre la confiance que spontanément, nous accordons à la perception. Ainsi, nous sommes convaincus que notre vision nous informe du réel tel qu'il est. Nous faisons donc naturellement l'amalgame entre perception, réalité et vérité des choses. Or, c'est cette idée même que condamne Socrate, et notamment dans la construction du Parthénon. Pour respecter, la vision harmonieuse d'Athènes, vue de loin, donc la beauté et la suprématie de la ville, on déforma les colonnes de ce bâtiment en les élargissant à leur base, donnant ainsi l'illusion d'un temple beaucoup plus élancé qu'il ne l'était.
En somme, les hommes pour créer un sentiment et donner une idée se servent de l'illusion d'optique, c'est-à-dire de l'imperfection, des lacunes de la perception. Celle-ci n'étant pas infaillible qu'est-ce qui, au juste, nous est donné dans la perception ? S'agit-il d'un contenu sensoriel, d'un signal, d'un message auquel l'organisme répond par un réflexe, qui nécessite une interprétation intellectuelle ? Il est donc légitime de se demander : percevoir est-ce interpréter le réel, c'est-à-dire, l'être véritable des choses du monde ? Dès lors, la perception est-elle accès à l'essence même des choses ou cette situation corporelle par laquelle les objets manifestent leur présence ? En somme, y a-t-il une objectivité du réel ou n'est-il que le produit d'une interprétation, donc d'un jugement subjectif ? Dans ce dernier cas, comment être certain que cette interprétation a pour but de trouver un sens caché, d'éclairer le sens et non qu'il ait pour résultat la déformation, le travestissement du réel par une illusion de compréhension déduite et immédiate ?
[...] Pourquoi un tel comportement de la perception ? L'homme y serait-il plus ou moins pour quelque chose ? La perception selon Bergson représente selon Bergson la part d'opportunisme existant en chaque homme. En effet, il affirme que la perception est commanditée par le pragmatisme de l'agir. Les limites que nous avions déjà évoquées sont créées en fonction du champ d'action que l'homme a sur le monde. Autrement dit, au moment même où ‘homme ne peut plus exercer de domination sur lui, où il lui échappera complètement. [...]
[...] Nous faisons donc naturellement l'amalgame entre perception, réalité et vérité des choses. Or, c'est cette idée même que condamne Socrate, et notamment dans la construction du Parthénon. Pour respecter, la vision harmonieuse d'Athènes, vue de loin, donc la beauté et la suprématie de la ville, on déforma les colonnes de ce bâtiment en les élargissant à leur base, donnant ainsi l'illusion d'un temple beaucoup plus élancé qu'il ne l'était. En somme, les hommes pour créer un sentiment et donner une idée se servent de l'illusion d'optique, c'est-à-dire de l'imperfection, des lacunes de la perception. [...]
[...] L'homme est, par sa corporéité, d'emblée en relation avec du sens qui le traverse et qui lui parle. La perception n'est donc pas le résultat d'un sens mais elle est ce qui donne sens. Dès lors, nous pouvons répondre à la question percevoir est-ce interpréter le réel ? : percevoir c'est être en relation avec du sens caché du réel, c'est trouver ce sens, donner accès à une réalité ni rationnelle, ni empirique. Percevoir c'est dévoiler la face cachée du réel ; donc percevoir c'est d'une certaine manière interpréter le réel. [...]
[...] Mais comment savoir si notre interprétation nous donne le bon sens ? Qu'est-ce qui nous prouve que notre interprétation ne donne pas un autre sens sûrement faux, ne travestit pas le réel ? Par cet exemple, Descartes nous répond : nous percevons le réel tel qu'il est, puisque cette action est fonction de notre jugement, de notre capacité à juger du bien-fondé des données sensitives que nous recevons. /En somme, le réel que nous percevons est en adéquation avec le réel tel qu'il est en dehors de nous-mêmes. [...]
[...] Par cette orientation utilitaire, l'homme empêche la perception d'être une connaissance totale. Bergson critique donc clairement cette spécificité qu'a l'homme de se vouloir comme maître et possesseur de la nature (Descartes).L'homme ne cherche pas à épouser le monde mais à en faire son objet utile. Bergson va même, implicitement, plus loin : il reproche le manque presque absolu d'écoute du monde qui l'entoure. En somme, nous pouvons en déduire qu'il faut oublier le rapport frontal au monde, au profit d'une relation latérale, oblique avec toutes choses. [...]
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