Lorsque nous employons le terme de sujet comme lorsque nous employons celui d'action, il est question de l'être humain. Ces deux concepts en effet participent de la rupture ontologique entre l'homme et l'animal. L'animal répète des mouvements déterminés et prévisibles, et si l'on prend la première conscience de soi comme celle de la mort qui est antérieure à celle du « je » (le surgissement de la conscience de la mort, entraînant celui du sentiment d'absurdité, donne tout son sens au « je », qui appartient auparavant au domaine du fantasme), et si la qualification de sujet en dépend, alors l'animal, qui est dépourvu de cette conscience, n'appartient pas à cette catégorie d'être. Quelle est la valeur du sujet de l'action ? Quelle perspective faut il emprunter ou développer pour atteindre à une adéquation entre le terme et le domaine de l'être ? Il est écrit précédemment que le sujet de l'action ne peut qu'être désignation proprement humaine. Le problème ontologique du sujet de l'action est intrinsèquement lié à des enjeux épistémologiques, mais aussi éthiques
Nous allons tenter de déceler une adéquation entre l'expression et la perspective mécaniste, nécessitarisme et déterministe de l'action, d'une part en analysant ce que peuvent être la détermination et ses différents modes, et d'autre part en tentant de démontrer en quoi liberté et nécessité sont compatibles. Mais nous ne sauront appliquer un concept de « sujet de l'action » à l'être prédéterminé des thèses théologiques, psychologique ou mécaniste, n'y trouvant ni sujet, ni action au sens où nous les entendons. Il y a de sujet que soumis (geneigt) au souverain, à Dieu ou à son passé, et l'action est celle d'un mouvement ou d'un être qui lui échappe. Il est illusoire de penser l'action sur le mode du processus, les actions ne se produisent pas que sur le mode du stimulus. Nous chercherons ensuite s'il y a une possibilité de l'affirmation du sujet dans la néantisation. Comme propédeutique à une science qui se voudrait analyser le sujet de l'action, il faut en premier lieu régler la question des futurs contingents, qui sont la condition nécessaire à la spontanéité de l'action. D'autre part l'action qui fait surgir le sujet dans le monde (le « miracle ») doit pour exister en tant que telle être liée à la responsabilité de l'agent. Dans le cas contraire en effet on ne saurait employer le terme de « sujet de l'action ». Mais une faille dans ce raisonnement, due à la prévalence de l'effet sur l'intention (chose qui enlève tout son caractère humain à l'action), nous fait revenir sur l'impératif catégorique kantien, qui se concentre sur l'intention, et donne une vraie valeur à la notion de « sujet » comme à celle d' « action ». En effet, Les portées morales de l'action ne sont pas celles-ci qui bâtissent le véritable sujet ? N'est ce pas dans la morale que l'action, et par conséquent le sujet, qui s'affirme par celle-ci parviennent à leur essence véritable ? Nous constatons d'abord que l'on ne peut parler de sujet de l'action que si l'on rend toute sa prépondérance à la volonté, ainsi qu'à l'intention. Mais viendra un autre problème : celui de la possibilité d'une telle volonté d'accomplir son devoir, dénuée d'inclinations (et non d'intentions) subjectives.
[...] Reste à connaître la cause première de nos mouvements Dans un monde où la rationalité serait absolue et érigerait la nécessité en souveraine, il n'y aurait plus de place pour l'arbitraire. Ainsi, les actions du sujet correspondraient à une prémotion physique. Hobbes, qui a une conception économique de l'action, nous donne pour sujet un être stratégique qui calcule, à partir de données matérielles, les prévisions de ses actes, il délibère (ici la délibération est subordonnée à la décision) en vue du profit maximum. [...]
[...] Et l'autonomie pour Kant est la capacité d'obéir à la loi que l'on s'est prescrite, c'est-à-dire une indépendance à toute détermination, qui nous rend responsables de notre volonté de vouloir vouloir. Nous avons donc avec Kant un sujet et une action au sens où nous l'entendions, l'action est l'affirmation de notre indétermination nouménale au sein de la sphère phénoménale, elle se loge dans les interstices de la nécessité de la causalité naturelle. La personne, être raisonnable et fin en-soi, devient alors sujet, et acteur premier de l'action. [...]
[...] On ne peut réduire une action à l'effet d'une prédétermination. Sartre écrit dans l'Etre et le néant (Gallimard, page 514) toute action, si insignifiante soit-elle, n'est pas me simple effet de l'état psychique antérieur et ne ressortit pas à un déterminisme linéaire, mais [ ] elle s'intègre, au contraire, comme une structure secondaire dans des structures globales et, finalement, dans la totalité que je suis. Dans l'opuscule, L'existentialisme est un humanisme, Sartre déclare que pour la pensée existentialiste toute vérité et toute action impliquent un milieu humain et une subjectivité humaine. [...]
[...] La volonté libre est le propre d'un être raisonnable. L'homme est un tel être, mais il a aussi une nature sensible, et c'est pourquoi sa volonté n'est pas toujours déterminée par le respect de la loi morale. Dans les fondements de la métaphysique des mœurs (deuxième section), on peut lire : En réalité, il est absolument impossible de citer par expérience avec une certitude absolue, un seul cas où la maxime d'une action conforme au devoir, ait uniquement reposé sur des principes moraux et sur la représentation morale. [...]
[...] Le sujet est la somme de ses actions. écrit Hegel, en précurseur de l'existentialisme. On ne peut donner l'essence de l'être qu'après l'accomplissement des actions. Ce dernier soutiendra, et Merleau- Ponty le suivra, que la valeur de l'action ne peut être jugée qu'à son terme, car les maléfices de l'action résident dans le fait que le monde et les autres résistent à mes intentions. L'action peut donc avoir des conséquences inattendues pour le sujet. Avec l'existentialisme, on peut dire que l'essence de la mort récapitule celle de la vie. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture