On demande à l'élève de problématiser un texte ou un sujet, sans lui expliquer, la plupart du temps, ce que l'on entend au juste par problématique. Au mieux lui propose-t-on des formules absconses du type c'est la question de la question. Force est de constater que rares sont les enseignants qui définissent avec précision ce terme, et pourtant tous s'entendent à considérer que la problématisation est une étape décisive dans la construction d'un devoir. En fait, la plupart d'entre eux ne disposent que d'un sens intuitif de la problématisation. S'ils sont capables, dans la pratique, de percevoir ou de faire ressortir les tensions problématiques qui s'exercent dans un texte ou dans un sujet, ils ignorent ou ne se donnent pas la peine de remonter jusqu'à la règle, c'est à dire expliquer clairement ce qu'ils entendent au juste par problématique.
Ce que nous nous efforcerons ici d'éclaircir (...)
[...] Ces brasseurs de vent ont l'art de mettre en œuvre ce que l'on appelle de faux problèmes. La contradiction y est forcée ou insignifiante. Et la réponse qu'elle suscite est généralement : Tu te moques de moi, je ne vois pas où est le problème, car tu connais déjà la réponse. Le véritable problème se doit donc de révéler une contradiction évidente dont il n'est cependant pas évident de sortir, ce que l'on nomme en philosophie une aporie, qui signifie impasse en grec. [...]
[...] Quand il n'y a pas de problème, la vie est un long fleuve tranquille. Et quand on pose cette question à quelqu'un : Qu'as-tu fait aujourd'hui?, et qu'il nous répond : Rien., évidemment qu'il n'a pas rien fait au sens propre du terme. Il n'est pas forcément resté cloîtré chez lui à attendre que le temps passe. Il signifie juste par là qu'il n'a rien fait de signifiant, c'est-à-dire qu'il n'a rencontré aucun véritable problème, que rien n'est venu le contrarier dans ses habitudes. [...]
[...] Les problèmes du quotidien Qu'est-ce qu'un problème du quotidien? Nous en rencontrons tous et tous les jours. Parmi les exemples les plus fréquents nous pouvons citer le fait de passer une mauvaise nuit, le réveil qui oublie de sonner, un objet qui se brise, le téléphone qui sonne pendant qu'on est sous la douche, un accident sur la voie ferrée, le fait de ne pas trouver ce que l'on cherche, ou pire de ne pas chercher ce que l'on trouve, etc. [...]
[...] ne suffit pas, en tant que telle, à constituer un problème. Pour que perdre ses clefs pose effectivement problème, il faut déjà au moins signaler, dans un premier temps, que nous en avons besoin. C'est peut-être sous-entendu de manière évidente mais ce n'est pas toujours pour autant le cas. L'interlocuteur devant cette formulation incomplète du problème va chercher à en dégager tout l'implicite pour reconstituer précisément la problématique. Il pourra, par exemple demander : Et tu n'as pas un double? [...]
[...] N'est-ce pas une attitude vaine, inutile? Car, après tout, la question mérite d'être posée. Pourquoi ne pas se contenter de répondre simplement à la question posée par le sujet (qui n'est aucunement la problématique, comme certains semblent encore le croire) en déroulant par cœur les éléments appris en cour qui ont un vague rapport avec la question, ou de développer la réflexion mise en jeu dans un texte sans se soucier des problèmes qui ont pu la déclencher chez l'auteur? [...]
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