Hans Jonas est né en 1903 en Allemagne. Elève de Husserl et d'Heidegger, il étudie la philosophie avant de partir en 1933 pour la Grande-Bretagne, puis Israël où il effectue son service militaire. Il enseigne notamment aux Etats-Unis et meurt en 1993. Le Principe de responsabilité est paru en Allemagne 1979 et peut être considéré comme son œuvre principale ne serait-ce qu'en vertu du nombre d'exemplaires vendus, environ 130 000. Le titre fait référence de manière critique au Principe espérance de Bloch qui lui-même discutait le concept d'utopie.
Le point de départ de sa réflexion est le constat que les méfaits de la technique moderne risquent de détruire l'humanité. La puissance technologique et la manière dont elle s'est développée pose des problèmes éthiques d'un type nouveau que les morales traditionnelles ne peuvent solutionner. Il faut donc réussir à penser une nouvelle éthique reformulée autour de l'idée de responsabilité. Afin de mieux comprendre son propos, nous respecterons la structure du livre qui s'articule comme suit, autour de 5 chapitres : tout d'abord la transformation de l'agir, suivie d'une réflexion sur les fondements et la méthode, puis sur les fins et leur position dans l'être, avant de parvenir au cœur de l'ouvrage, c'est-à-dire à la théorie de la responsabilité, et à la responsabilité aujourd'hui, avant de conclure sur une critique des utopies. Nous développerons en particulier les chapitres 1 et 5, à savoir la transformation de l'agir et la théorie de la responsabilité.
[...] L'émergence de la technique moderne introduit de grandes transformations. Le rapport de l'homme à la Nature change. A travers les premiers dommages causés sa vulnérabilité apparait, elle ne s'autorégule plus et ne peut plus absorber l'agir humain. Sur quoi portent véritablement les changements ? Tout d'abord, les fins ne sont plus pragmatiquement limitées Nous savons désormais que notre technologie peut avoir des effets irréversibles, par son ordre de grandeur comme par sa logique cumulative. Ce qui marque le développement de la technologie moderne est à la fois sa puissance et l'impossibilité de séparer les effets dommageables des conséquences bénéfiques. [...]
[...] Le nouveau concept de responsabilité. Le nouveau concept de responsabilité qu'introduit Jonas engage l'avenir dans sa globalité, il crée une obligation non réciproque, identique à celle que les parents ont à l'égard de leur enfant nouveau- né, totalement démuni et totalement impuissant à se maintenir dans l'existence. Ils en sont responsables sans que le nouveau-né ne soit obligé à quoi que ce soit. La puissance des parents est à la mesure de leur responsabilité. Jonas articule la puissance à la responsabilité. [...]
[...] Questions de fondements et de méthode. Face à tous ces enjeux, la nécessité, déjà affirmée, de développer une éthique du futur semble de plus en plus évidente. La première obligation de cette éthique, dont nous n'avons pour le moment dégagé que les grandes lignes, est qu'elle doit se construire à travers ce que Jonas appelle l'heuristique de la peur qui s'inscrit dans la connaissance des effets lointains. Cette expression est capitale dans sa réflexion nous allons donc essayer de la définir au mieux. [...]
[...] Cela réclame un degré de scientificité correspondant à celui qui est à l'œuvre dans les entreprises humaines. Si le savoir est insuffisant, l'heuristique doit avoir recours à l'imagination. Le fondement de l'éthique développée par Jonas est celui de la vie, de la conservation comme suprême obligation. Ainsi, nous avions déjà dit que l'humain n'a pas le droit d'utiliser un moyen qui pourrait détruire l'humanité puisque cela contredit le nouvel impératif. Nous avons une obligation à l'égard de la postérité et la technique met en péril notre possibilité de l'honorer. [...]
[...] Nous avons le droit de risquer notre propre vie, mais pas celle de l'humanité. Nous ne pouvons choisir le non-être des générations futures à cause de notre propre être. La comparaison avec l'impératif kantien agis de telle sorte que tu puisses également vouloir que ta maxime devienne une loi universelle marque la profonde différence entre les anciens et les nouveaux impératifs. L'impératif que propose Jonas se formula ainsi : Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la Permanence d'une vie authentiquement humaine sur terre Le nouvel impératif porte sur une politique publique, sur des actions collectives et non pas sur la conduite privée comme le faisait l'impératif kantien. [...]
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