Principe de Darwin, stratification organique, variation pure, ontologie fondamentale, unification ontophylogénétique
La révolution darwinienne ne vise pas seulement à rompre avec le créationnisme et à affirmer que « les espèces n'ont pas été créées indépendamment les unes des autres, mais que, comme les variétés, elles descendent d'autres espèces » (L'Origine des espèces, 1859, Introduction).
Cette révolution consiste en une rupture de principe plus subtile avec les théories transformistes du passé (Lamarck, etc.) et toutes leurs variantes évolutionnistes à venir (Spencer, etc.) : Darwin ne suppose en effet aucune tendance du vivant à l'adaptation à son milieu, à la complexification, à l'individualisation, etc., qui
viserait à expliquer ses variations et sa transformation dans telle ou telle direction déterminée. Il pose seulement en principe le fait qu'il y a, au sein du vivant domestiqué comme naturel, de la variation.
[...] Hoquet, Darwin contre Darwin G. Canguilhem, La connaissance de la vie G. Simondon, L'individu et sa genèse physico-biologique Q. Meillassoux, Après la finitude. Essai sur la nécessité de la contingence J. [...]
[...] L'impératif d'immanence absolue. La stratification La stratification vise à penser la constitution même de tous les domaines de réalité ou strates (physico-chimique, organique, sociohistorique) en respectant sur le même modèle l'impératif d'immanence absolu. Ces strates sont insérées et immergées les unes dans les autres, s'appuient et se conditionnent les unes les autres, mais ont en même temps chacun un principe d'unité permettant de les distinguer. Elles n'émergent pas les unes des autres mais constituent toutes des formes variables de stabilisation, de durabilité, de ralentissement données à la variation pure, comme autant de rythmes coexistants. [...]
[...] Les théories émergentistes ne respectent donc pas l'impératif d'immanence absolue, elles sont des formes de créationnisme qui réintroduisent de la transcendance au sein du monde lui-même. L'impératif d'immanence absolue. La sélection Au contraire, le mécanisme de sélection naturelle théorisé par Darwin respecte doublement l'impératif d'immanence absolue : Elle est immanente au vivant, inhérente à sa logique même, et ne suppose aucune intervention extérieure. La forme d'extériorité qui va servir de contrainte sélective, le milieu, reste intérieur au monde vivant (proies, concurrents, prédateurs, etc.) ou du moins partie intégrante de la nature (air, lumière, climat, etc.). [...]
[...] La stratification organique. Stabilisation par sélection ou contrainte externe Le principe de Darwin permet d'insister sur le fait que la sélection naturelle est moins différenciatrice et donc au final créatrice que d'abord et avant tout stabilisatrice et conservatrice : elle conserve ce qui peut se reproduire et se reproduire en toujours plus grande quantité et variabilité en fonction des ressources et conditions données. Si l'ensemble des conditions de reproduction de tout organisme est ainsi le fruit de millions voire milliards d'années de variations sélectionnées, l'erreur de la théorie du programme génétique est de considérer que cette sélection a cessé d'opérer et qu'elle a laissé la place à un processus entièrement déterminé du moins pour les étapes les plus invariantes et les plus fondamentales. [...]
[...] La contingence est acausale (pure rupture de continuité) quand le hasard relève déjà plutôt de la multi-causalité. 1.3 Omniprésence de la variation aléatoire en biologie La théorie néo-darwinienne synthétique de l'évolution se contentait de cantonner la variation aléatoire aux seules mutations génétiques, aux seules erreurs de reproduction du génome (dues à des causes elles-mêmes aléatoires), à ce que Deleuze et Guattari appelaient donc la marge de décodage inhérente au code (Mille plateaux). Mais cette source de variation aléatoire venait déjà s'ajouter à une première source relative à la variabilité des lieux conquis et des ressources utilisées, ce que Deleuze et Guattari appellent les mouvements de déterritorialisation et de reterritorialisation inhérents aux organismes vivants qui sont d'autant plus déterritorialisés qu'ils comportent de milieux intérieurs assurant leur autonomie, et les mettant dans un ensemble de relations aléatoires avec l'extérieur (Mille plateaux) : migration, reproduction sexuée (pollinisation, recherche active du partenaire), etc. [...]
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