Philosophie, Socrate, Platon, Eutyphron, éthique, dialogue, savoir, Athènes, existence, cité grecque, Antiquité, Anytos, démocratie, Phédon, maïeutique, relativisme cognitif
Tandis que les philosophes dits « présocratiques » se consacrent à l'étude de la nature, Socrate estime que la philosophie doit prioritairement s'intéresser à l'éthique. Savoir comment le soleil brûle est de peu d'intérêt dans l'existence, tandis que définir la justice a une importance primordiale, puisque seule cette définition permet de déterminer notamment comment la cité devrait être organisée, quelles lois elle devrait adopter, quelle forme de gouvernement...
Socrate était tellement persuadé de l'importance de son entreprise réformatrice qu'il ne perdit pas de temps à écrire quoi que ce soit. Il estimait plus urgent et plus efficace de s'adresser directement aux gens, dans les rues d'Athènes, dans les lieux publics ou même à leur domicile, pour les soumettre à un questionnement éthique.
[...] Dans le Lachès et l'Eutyphron, Socrate questionne ainsi deux valeurs grecques fondamentales (piété, courage). Il ira même jusqu'à questionner la valeur fondamentale de l'Etat athénien de son époque, à savoir le gouvernement du peuple (la démo-cratie dans le Gorgias notamment. Socrate s'y présente paradoxalement comme le seul véritable politicien d'Athènes, en dépit de sa faible participation à l'assemblée du peuple. Avant de pouvoir exercer le pouvoir politique, il faut résoudre la question de savoir quelle forme de gouvernement est la bonne, et pourquoi. [...]
[...] Ensuite, dans les dialogues de la maturité, les rapports s'inversent, le personnage de Socrate devenant le porte-parole de la philosophie platonicienne. Étymologiquement, on a vu que la philosophie signifie désir de savoir désir portant à priori sur n'importe quel domaine, pourvu qu'il soit d'ordre théorique vs directement pratique. Mais quel que soit son objet, la pratique philosophique s'est toujours fondée sur une commune disposition psychologique, condition générale de la recherche : sans désir de savoir, pas de véritable savoir possible. [...]
[...] Philosopher suppose donc de savoir au préalable que l'on ne sait pas quelque chose. Cet état d'esprit, malgré les apparences, n'a rien d'immédiat, il suppose une prise de conscience, une rupture par rapport à un état habituel d'autosatisfaction : spontanément, les hommes croient disposer de beaucoup de connaissances alors que ces connaissances ne sont en réalité que des opinions, des préjugés qui leur ont été inculqués et qui pour la plupart ont été admis par eux sans examen véritable. Platon distingue ainsi (dans le Banquet notamment) : # Le savoir : on peut dire à bon droit de quelqu'un qu'il sait véritablement quelque chose s'il a une idée vraie dont il est capable de rendre compte rationnellement. [...]
[...] Pour rendre sa démarche encore plus probante, il s'adresse à des spécialistes desdites questions, et les questionne sur leur spécialité. Par exemple, dans l'Eutyphron, il questionne un augure (devin) sur la nature de la piété ; dans le Lachès, des militaires de haut rang sur la nature du courage. Dans les deux cas, il parvient à leur montrer que les définitions que ses interlocuteurs proposent ne sont pas véritablement satisfaisantes, qu'ils entretiennent sans le savoir des opinions contradictoires entre elles. [...]
[...] L'assurance de l'ignorant vient d'une confiance aveugle dans l'éducation qu'il a reçue et dans l'autorité qui la lui a dispensée : jamais pourtant il n'a adopté ses opinions en connaissance de cause. Cette confiance, on ne voit pas bien comment elle pourrait s'étioler d'elle-même. C'est pourquoi Socrate se propose d'être l'empêcheur de penser en rond, qui ébranle les certitudes. Dans les dialogues de jeunesse de Platon, il ne prétend pas délivrer un savoir mais plutôt délivrer d'un non-savoir. Sa vocation : tester les connaissances de ses contemporains, les faire prendre conscience de leur ignorance, essentiellement sur les questions éthiques les plus cruciales à ses yeux. [...]
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