Autrui : un concept moral
Dans un premier temps, il faut éviter la confusion entre autrui et autre. Les deux font bien référence à la présence d'une altérité, mais l'altérité caractérise aussi bien l'animal que l'autre homme. Cependant, seul l'autre homme m'apparaît ou peut m'apparaître comme « autrui » (autre conscience).
On peut être tenté de définir rapidement autrui comme « alter ego » (autre moi). Cela semble poser une égalité par rapport à ce que je suis et garantit qu'il me ressemble ; bien que son corps occupe dans l'espace un lieu différent, je lui prête une conscience, une pensée, une affectivité de même nature que les miennes. Ainsi Descartes admet que lorsqu'il aperçoit dans la rue des silhouettes vêtues comme lui, ce sont bien des hommes et non des automates : il conclut alors d'une ressemblance extérieure à une similitude interne. Mais ainsi convenir qu'il y a des hommes autres que moi, est-ce bien leur conférer l'importance, la signification ou la dignité d'autrui ?
[...] En deçà de toute collectivité (familiale, politique, syndicale) qui englobe les sujets et les confond, le rapport immédiat et direct avec le seul visage de l'autre, face à moi, me révèle, dans ce visage même, une loi morale tu ne tueras pas Tout effacement d'autrui, dans un nous fusionnel oublie ce commandement, qui est pourtant le fondement de l'humanité. Ce n'est donc qu'en percevant autrui dans sa distance et sa solitude, que la signification dont il est porteur m'apparaît : il suscite en moi l'accès à la première exigence éthique. C'est en cela qu'il est irremplaçable, et qu'il concourt à la définition de ma propre humanité. [...]
[...] Cela signifie que le souci d'éviter la solitude ne doit pas me faire désirer la présence d'autrui à tout prix. La solitude en effet se présente comme un souci, soit comme un sentiment d'être privé de la présence d'autrui, lequel, dans la mesure où il est mon semblable, est le seul capable d'échanger ses expériences avec moi. Pourtant si la présence d'autrui peut être pire que la solitude, c'est qu'il arrive que mon rapport à l'autre ne soit ni pacifique, ni enrichissant. [...]
[...] Dans une telle conception, autrui n'a pas de valeur propre, il n'est que médiateur entre deux moments de la conscience. L'histoire des relations entre les cultures semble donner raison à cet aspect de l'analyse hégélienne : la colonisation, les exterminations qui ont pu les accompagner, l'ethnocide, révèlent que les autres ne peuvent survivre qu'à la condition de perdre ce qui les rendait précisément différents. Le refus (ou la crainte) de la différence aboutit à supprimer l'autre en tant que tel, soit physiquement, soit au minimum culturellement. [...]
[...] La réciprocité des identités Grâce au travail, le serviteur acquiert une maîtrise sur le monde, maîtrise que ne possède pas le maître. En conséquence, le maître est dépendant du travail de son serviteur et se repose sur une illusion de maîtrise. Dès lors, le rapport entre maître et serviteur peut se renverser. La dimension morale de l'altérité La loi comme médiation entre les individus Sans les lois civiles, les autres hommes sont des ennemis au sein de ce que Hobbes appelle la guerre de chacun contre chacun. [...]
[...] Définitions Autrui : désigne le même et l'autre, le semblable (car il est tout comme moi un sujet, une conscience,) qui est cependant différent de moi. Solitude : renvoie à un état intérieur à la conscience et au sentiment d'être séparé d'autrui. Ce sentiment est particulièrement fort face à certains événements, ou à des responsabilités que personne ne peut prendre à notre place. Nous éviter : nous faire échapper à, nous permettre de ne pas rencontrer. Problématique S'il est un moyen d'éviter la solitude, il va de soi que c'est grâce à la présence d'autrui. [...]
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