Dans le langage courant, on entend par pragmatisme toute attitude qui considère que seuls les résultats comptent. On parle, par exemple, de pragmatisme en politique, où le concept prend une signification assez proche d'opportunisme, de recherche d'efficacité et d'utilité. Il s'agit ici d'une vulgarisation beaucoup trop simpliste de l'idée de pragmatisme ; elle nous vient peut-être de l'un de ses principaux théoriciens, W.James pour qui « est vrai ce qui est utile ».
Cet auteur a considérablement contribué à caricaturer le mouvement pragmatique se développant à la fin du XIX° siècle, aux Etats-Unis, sous l'impulsion notamment de C.S. Peirce. Pour ce-dernier, le pragmatisme consiste à « considérer quels sont les effets pratiques que nous pensons pouvoir être produits par l'objet de notre conception. La conception de tous ces effets est la conception complète de l'objet » ; autrement dit, une conception quelconque se définit pour Peirce par l'ensemble de ses effets pratiques. Mais une telle théorie peut-elle expliquer le monde? Les points d'application de la méthode ne sont-ils ou ne doivent-ils pas être limités ?
Le principe général sera utilisé de manières très différentes par Peirce, James et J.Dewey (le troisième auteur important du mouvement). En effet, alors que le pragmatisme de Peirce est avant tout une théorie de la signification, James en fait une théorie de la vérité. Les divergences sont donc bien réelles au sein du mouvement ; c'est pourquoi, Peirce voulût renommer sa conception « pragmaticisme » après que James s'en fût emparée pour défendre un ensemble de vérités et de croyances obtenues par une méthode qui n'était pas nécessairement pragmatique. Quant à Dewey qui s'inscrit beaucoup plus dans la problématique peircienne, il fait, en politique, un rapprochement entre la méthode pragmatique et le fonctionnement démocratique. Une distinction importante doit donc être faite entre le principe et sa mise en œuvre, tant sur le plan théorique que pratique.
Par ailleurs, notons que le mouvement s'inscrit dans un cadre philosophique historique et qu'il ne peut donc se résumer aux conceptions de ces trois auteurs, cela serait beaucoup trop réducteur. En effet, de nombreux auteurs, Aristote notamment, ont offert des réflexions philosophiques implicitement pragmatiques. C'est pourquoi la question à se poser est de savoir en quoi le pragmatisme de la fin du XIX° siècle est l'aboutissement d'une pensée philosophique qui est bien plus ancienne. Après quoi, l'on pourra effectivement s'attacher au développement des thèses de Peirce, Dewey et James pour ensuite les mettre à l'épreuve.
[...] En effet, de nombreux auteurs, Aristote notamment, ont offert des réflexions philosophiques implicitement pragmatiques. C'est pourquoi la question à se poser est de savoir en quoi le pragmatisme de la fin du XIX° siècle est l'aboutissement d'une pensée philosophique qui est bien plus ancienne. Après quoi, l'on pourra effectivement s'attacher au développement des thèses de Peirce, Dewey et James pour ensuite les mettre à l'épreuve. Depuis l'Antiquité grecque, la philosophie est centrée sur l'opposition entre idéalisme platonicien et matérialisme aristotélicien. [...]
[...] Il semble en fait que les interprétations du pragmatisme soient infinies. Si l'on élargit la problématique peircienne, comme l'ont fait James et Dewey, il peut s'interpréter comme une réponse au désenchantement du monde En effet, après l'effondrement des anciennes valeurs métaphysiques à la fin du XIX° siècle, les hommes sont conduits à reconstruire un nouveau monde. Le pragmatisme devient alors une solution. Et pour Dewey, la solution passe effectivement par l'application des conceptions pragmatiques en politique. Pour lui, la méthode pragmatique est la règle d'or du fonctionnement démocratique. [...]
[...] La méthode expérimentale est le fondement du fonctionnement démocratique. Ainsi, et toujours selon Dewey, la tâche de la démocratie est à jamais celle de la création d'une expérience plus libre et plus humaine à laquelle tous participent et à laquelle tous contribuent Reprenant les conceptions de Dewey, R. Rorty considère, lui aussi, que ce nouveau monde passe par la démocratie. Développant une philosophie néo- pragmatique, il affirme la priorité de l'idéal démocratique sur la philosophie, contredisant ainsi la conception platonicienne de la politique. [...]
[...] Mais, différente est la réponse que va apporter la philosophie pragmatique. S'opposant à l'idéalisme, les pragmatistes dénoncent également le matérialisme : James critique par exemple le relâchement moral né du culte exclusif de la déesse-chienne de la Réussite Mais il convient plus de parler d'une méthode pragmatique que d'une philosophie pragmatique. En effet, Peirce ne prétend pas élaborer une doctrine en formulant sa maxime, mais seulement mettre en place les éléments d'une méthode. La vision européenne du mouvement selon laquelle il s'agirait d'une glorification de la valeur pratique des idées est donc déjà une interprétation, erronée. [...]
[...] Le principe général sera utilisé de manières très différentes par Peirce, James et J. Dewey (le troisième auteur important du mouvement). En effet, alors que le pragmatisme de Peirce est avant tout une théorie de la signification, James en fait une théorie de la vérité. Les divergences sont donc bien réelles au sein du mouvement ; c'est pourquoi, Peirce voulût renommer sa conception pragmaticisme après que James s'en fût emparé pour défendre un ensemble de vérités et de croyances obtenues par une méthode qui n'était pas nécessairement pragmatique. [...]
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