« La frivolité est la plus jolie réponse à l'angoisse » affirmait Jean Cocteau.
Cette phrase nous laisse entendre qu'il est plus souhaitable et plus acceptable d'exprimer et d'entendre un sujet grave en utilisant l'humour. Devant des épreuves ou situations sérieuses, l'humour permet justement de détourner ces difficultés, et les aborder de manière cynique afin de prendre du recul sur certains évènements. Le rire met en relief la gravité d'une situation dramatique en instaurant une certaine distance. Certes, c'est un moyen qui n'est pas forcément approprié aux questions graves, mais s'il est utilisé avec ingéniosité il devient alors une arme. Qui plus est, il aide à mieux comprendre et assimiler des sujets parfois complexes ou polémiques. Ce mode du rire, utilisé depuis bien longtemps a permis de faire face à la censure, le plus souvent pour dénoncer et défendre des opinions publiques ou personnelles avec adresse.
[...] Dans son dessin du 6 février 1994, les Russes s'exclament : Le problème avec les gosses, c'est qu'ils bougent tout le temps Le fait dénoncé ici est le massacre des petits enfants Tchétchènes par les Russes. Cette phrase signifie, entre autre, que ces enfants sont difficiles à tuer. Plantu montre ainsi toute la cruauté des Russes mais il veut essentiellement faire résonner les gens sur le sujet. Un autre média, mais cette fois-ci, télévisuel ; on pense aux Guignols de l'info, émission qui exhibe des caricatures de personnes connues, mais principalement de personnages politiques, c'est pourquoi, parfois on se rapproche de la satire. [...]
[...] Et bien que ces procédés soient des avantages pour dénoncer des situations graves, il est certain que l'humour a ses limites. * * * En effet, la liberté d'expression est un droit dont tout le monde dispose (en France en tout cas), mais certains sujets sont plus délicats, plus sensibles ou même tabous, où la dérision est irrévocablement inappropriée et peut être blessante. C'est pourquoi il faut savoir être prudent quand on se penche dessus et garder une part de sérieux. [...]
[...] Il se pose alors la question suivante : Pouvons-nous traiter des sujets sérieux voire graves sur le mode humoristique ou encore plaisant ? Dans un premier temps, nous verrons comment le fait d'aborder des choses sérieuses avec humour permet la transmission d'idées. D'autre part, nous nous demanderons si l'on peut user de cet humour dans toutes les situations ; par conséquent, quelles sont ses limites ? * * * La censure, puis la liberté d'expression sont deux choses totalement opposées, pourtant elles ont un point commun : à chacune de leurs époques, on a retrouvé une valeur essentielle qu'est le rire. [...]
[...] Enfin, cette dénonciation permanente de la guerre, est une fois de plus démontrée dans le livre de Paul Claudel, Conversations dans le Loir-et-Cher (1935), période d'avant-guerre, où dans un extrait on assiste à un débat plus que sérieux entre Acer et Flaminius. Deux idées s'opposent : le premier est pour la guerre, l'autre contre. Et ils échangent, avec tous deux des arguments fondés et logiques. D'ailleurs cet extrait pourrait être associé à ce que Victor Hugo disait dans Fragments la guerre, c'est la guerre des hommes ; la paix, c'est la guerre des idées L'humour c'est bien quand on rit AVEC l'autre, mais quand on rit DE l'autre, tout devient plus compliqué. [...]
[...] Cette forme consiste à accentuer les côtés ridicules de la personne ou la chose que l'on dénonce. De ce fait, l'auteur cherche à déstabiliser la partie qu'il ne défend pas. C'est exactement ce que fait Voltaire, dans Candide, (1758-59), au chapitre III, quand il écrit l'oxymore boucherie héroïque C'est ici qu'on retrouve l'ironie en question, puisque Voltaire n'adule pas du tout ce massacre, au contraire cela n'a rien d'héroïque, et il le montre d'ailleurs quand il décrit toute l'atrocité de la scène par la suite. [...]
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