L'art peut émouvoir, enchanter, bouleverser, mais chaque sensibilité a une approche différente de l'art. Comment peut-on concevoir notre rapport à l'art ? Y a-t-il chez l'homme un besoin d'art ? Pouvons-nous nous passer d'art ? Le « nous » désigne l'homme, tous les hommes, et, pourrait-on dire encore, ce « nous » se veut globalisant, comme s'il y avait une essence universelle de l'homme. Le terme d'art peut renvoyer à deux points de vue : celui qui « fait » l'art et l'art du côté de celui qui reçoit l'art.
Mais il faut aussi penser l'art comme « technè », terme grec signifiant art comme l'objet de l'esthétique et dans un autre sens, comme technique. L'art entendu comme technique apparait comme indispensable à l'homme : toute société humaine, depuis la plus ancienne, est une société technique. La question est plus ennuyeuse quand il s'agit de l'art comme ce qu'on appelle Beaux Arts.
Se demander si nous pouvons « nous passer » d'art c'est se demander l'homme peut supporter de vivre sans art, alors qu'il semble nécessaire. Cela sous-entend qu'il y aurait une propension à l'art chez l'homme, voire une besoin d'art. Parler d'un besoin d'art est délicat. En effet, l'art ne peut faire partie des besoins primaires de l'homme, que sont la respiration, la nutrition et la reproduction. Mais n'y a-t-il pas dans la nature même de l'homme un besoin de créer ou de symboliser ? L'art n'est-il qu'artifice ou permet-il à l'homme d'être ?
[...] Les Grecs ayant pris conscience de l'horreur d'exister, ils créent pour le masque derrière le mirage lumineux des Olympiens L'art en tant que seul moyen pour l'homme de s'abstraire de son existence tragique, de s'élever au-dessus des laideurs et des souffrances de la vie, semble alors être une nécessité pour l'homme. Conclusion Le nous de notre question pouvons-nous nous passer d'art amène à s'interroger sur la possibilité d'un homme universel. Ce questionnement est gênant. Nous avons conscience de l'importance qu'a l'art pour nous et en même temps, nous savons que tous les hommes n'ont pas de rapport à lui. En si certains prétendent en avoir un, cela peut être par pur snobisme, car il est de bon ton d'être amateur d'art aujourd'hui. [...]
[...] C'est ainsi qu'il peut se poser des questions d'ordre métaphysique ou moral. Cette spiritualité en fait un être complexe. Ayant conscience de lui-même, il comprend le tragique de son existence : il est un être contingent, mortel, fini. Comment concevoir son existence lorsqu'on sait sa brièveté et sa contingence ? L'art saurait être une consolation, c'est l'idée que développe Schopenhauer. Sa théorie de l'art doit être située dans sa pensée pessimiste de l'existence humaine, résumée simplement dans cette formule : La vie oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l'ennui L'art seul arrive à fixer quelque chose de l'être en dehors de la roue du temps, il permet de s'extraire un moment de la contingence et du tragique de la vie humaine. [...]
[...] Il est un langage puissant et qui sait se déguiser sous une naïveté feinte ou une inutilité apparente. Sans être un art de propagande, qui n'est là plus vraiment un art, il peut se faire interrogation. Comme l'écrit Victor Hugo, le poète a les pieds ici et les yeux ailleurs en voyant mieux il peut agir sur le monde. Il est des artistes engagés qui, sans penser à leur prise de position politique personnelle, voient l'écriture comme un engagement. Sartre conçoit les mots de l'artiste comme engageant l'homme tout entier. [...]
[...] Les choses s'imposent à mi, à mes sens, sans que je puisse les maîtriser. Or, la pratique de l'art permet une observation plus vraie, plus profonde en ce qu'elle est plus distanciée. Cette distance procède de l'intellectualisation de sensations et des impressions sensibles. Ce qui se présente amène à une dimension autre, car je le lie avec ce que j'ai déjà vu et cela enrichit ma perception. On arrive à percevoir en les choses une beauté que l'on n'aurait pas soupçonnée. [...]
[...] Pouvons-nous nous passer d'art ? Introduction Ah Non, non, pas ma sonate cria Mme Verdurin, je n'ai pas envie à force de pleurer de me fiche un rhume de cerveau avec névralgies faciales, comme la dernière fois À entendre les protestations de Mme Verdurin, il semblerait que l'art ait un pouvoir immense sur l'homme. Les sensations qu'elle éprouve en écoutant un morceau l'empêchent de se contrôler, elle se trouve impuissante face au trouble que lui cause l'œuvre d'art. Il faut noter que si certains peuvent prétendre entretenir un rapport à l'art très étroit, comme Mme Verdurin, même si elle est caricaturée par Proust, d'autres lui semblent tout à fait hermétiques. [...]
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