Théâtre et désir, décors théâtraux, comédie, réflexion, imagination, Jean-Jacques Rousseau, lieu de spectacle, Jean Baudrillard, Thomas Hobbes, liberté d'interprétation, Stendhal, Platon
N'est-il pas étrange de vouloir concilier théâtre et désir ? En effet, faire du théâtre c'est respecter des règles strictes : règles de la bienséance, règle des trois unités (temps, lieu, action). De plus, les comédiens ne se détournent pas du texte de la pièce qu'ils interprètent, les décors, les couleurs et les objets présents sur scène sont l'objet d'une réflexion méticuleuse qui ne permet pas de concevoir une pièce de théâtre comme une simple pièce d'improvisation vouée au hasard. Or, il est difficile d'imaginer que le désir puisse être lui aussi régi par autant de règles, car le désir est une force vitale qui s'exprime librement sans être contrôlée par une mise en scène particulière. C'est une tendance naturelle inscrite dans mon être, et théâtraliser ce désir reviendrait alors à accepter de les laisser devenir des marionnettes.
[...] En effet le mot théâtre vient du grec theatron qui désignait l'hémicycle destiné aux spectateurs. Un théâtre est donc un lieu, à l'origine, où le public peut observer un spectacle. À la Renaissance le théâtre s'étend à l'ensemble de l'édifice du spectacle. Mais quels sont les édifices offrant un spectacle ? Il se trouve que de nombreux et différents lieux peuvent nous offrir un spectacle du désir. Ces lieux où le désir se révèle être un véritable spectacle sont nombreux. [...]
[...] Notre imagination devient le théâtre (lieu) et nos désirs sont les acteurs. Ils sont nombreux et ne sont ici pas contraints par un metteur en scène qui déciderait d'un texte ou d'un décor. Rousseau soutient cette vision dans Julie ou la Nouvelle Héloïse, où il montre que le désir cesse d'être un manque douloureux pour devenir plénitude. Le manque de l'objet est comblé par les projections dans l'imagination. Mais c'est également un bonheur, car ce travail fantasmatique produit une satisfaction authentique quoique distincte de la satisfaction réelle. [...]
[...] Pouvons-nous imaginer une relation stable entre le théâtre et nos désirs ? Ainsi nous proposerons trois axes de réflexion : comment unir le spectacle aux désirs ? Qui sont les comédiens et les spectateurs qui rendent possible cette unification ? Dans une autre perspective, si le théâtre est un lieu, comment se développent nos désirs dans ce dernier ? Comment unir le spectacle aux désirs ? Quand nous mentionnons le mot théâtre, nous pensons à un art, l'art de la représentation, du spectacle. [...]
[...] Les objets sont alors des objets-signes, ce qui alimente encore et encore nos désirs. La société devient donc le lieu de convergence de nos désirs, c'est là où tous nos désirs se rencontrent et interagissent. Toutefois, peut-être qu'il existerait un autre lieu où nos désirs pourraient s'exprimer. Ce lieu c'est notre imagination. Ce théâtre du désir peut donc être ce monde intérieur que nous nous construisons, que nous façonnons à notre bon vouloir. C'est dans notre imagination que nos désirs peuvent s'exprimer avec le plus d'ardeur. [...]
[...] Ce dont je parle, c'est de vivre dans la jouissance, d'éprouver toutes les formes de désir et de les assouvir - voilà, c'est cela la vie heureuse s'exprime-t-il pour montrer que le bonheur qu'il revendique consiste dans l'ivresse sans fin de ses appétits. Cependant, le désir ne serait-il pas lui-même un spectacle ? Certes l'art du spectacle c'est l'art de la représentation, de falsifier son identité, de mettre des masques . mais, le spectacle est aussi émerveillement, surprise, beauté. Les scènes se succèdent et le spectateur ne sait pas ce qu'il va se passer par la suite. Un spectacle est donc un inconnu qui captive et qui attire. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture