BAC BLANC - Dissertation de philosophie sur le sujet suivant : Le pouvoir doit-il tenir compte de l'opinion publique?
[...] Mais que dire d'un pouvoir qui s'affranchirait totalement de l'opinion publique ? Un tel pouvoir ne serait-il pas, par essence, despotique, et donc contradictoire avec l'intérêt commun qu'il prétend défendre ? Il faut donc envisager une autre solution, qui est de tenir compte de l'opinion publique comme organe régulateur, sans tomber dans la démocratie d'opinion. Le pouvoir tient sa légitimité de l'adhésion de l'opinion à ses actions. S'il faut obéir au pouvoir, ce n'est pas par mysticisme, mais par adhésion de l'esprit à la reconnaissance de la nécessité de l'ordre social. [...]
[...] C'est une horreur aux yeux de Platon de tenir compte de l'opinion publique, Platon considérant le peuple comme une bande d'ignares. Un argument clé contre la démocratie est que Socrate a été condamné à mort par vote, démocratiquement, malgré son innocence. L'opinion publique peut aller à l'encontre de la vérité et quand même l'emporter. De plus, la démocratie peut tomber dans la démagogie, dont l'étymologie signifie « flatter le peuple ». Dans la démocratie, le peuple est censé gouverner, mais il est manipulé par les politiciens et les sophistes, qualifiés par Platon de « mercenaires ». [...]
[...] Celui qui manipule l'opinion du peuple n'y croit presque jamais. Selon Platon, en réalité, seule la philosophie a raison, elle seule est bonne. Seul le philosophe doit gouverner et pas le peuple ni les sophistes. Contre la « tyrannie » du peuple, Platon crée l'utopie du philosophe-roi. Seuls les philosophes doivent gouverner car il faut confier le pouvoir à ceux qui ne le veulent pas, car seuls eux ne peuvent en abuser. Pour Platon, le pouvoir cherche le bien commun car, comme dit Cicéron, « le bonheur du peuple est la loi suprême. [...]
[...] Le pouvoir a la possibilité de faire l'opinion. Le terme d'opinion publique n'a pas de sens avant le XVIIIe siècle. Sous l'Ancien régime, le peuple n'avait pas d'opinion sur la majorité des sujets puisqu'il sait que de toute façon il ne sera pas consulté sur ces questions. Ce sont les classes dominantes françaises qui font émerger l'opinion publique à la fin du XVIIIe siècle, lorsqu'elles fréquentent les salons où s'expriment des savants comme les encyclopédistes ou les physiocrates. Initialement, le terme d'« opinion publique » désigne la délibération d'une élite intellectuelle qui est rendue publique. [...]
[...] Le pouvoir peut, pour des raisons d'efficacité, manipuler l'opinion. Cependant, la politique n'est-elle qu'une question d'efficacité ? Il semble que la politique soit originairement mue par la recherche du bien commun. Dès lors, le pouvoir doit-il tenir compte de l'opinion publique pour s'exercer vertueusement ? Le pouvoir doit ignorer l'opinion publique pour s'exercer vertueusement. L'opinion est une question d'éducation. Selon Platon, il faut éduquer pour gouverner. La démocratie athénienne est directe, ce qui signifie que le peuple gouverne, à l'inverse de la démocratie représentative dans la France d'aujourd'hui. [...]
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