Le livre de la Genèse nous raconte la chute d'Adam et Eve hors du paradis terrestre. Ils en sont chassés car ils cèdent à leur désir de savoir et mangent le fruit de l'arbre de la connaissance. Le serpent tente Eve par ces mots : « Le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront et vous serez comme des dieux connaissant le bien et le mal... La femme vit que l'arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu'il était précieux pour ouvrir l'intelligence. Elle prit de son fruit et en mangea. » Dieu chasse Adam et Eve du paradis afin d'éviter qu'ils ne mangent ensuite du fruit de l'arbre de la vie et ne deviennent éternel (...)
[...] Sur quoi se fonde ce désir de savoir de l'homme, désir voué à rester inassouvi et qui semble lui apporter plus de maux que de biens ? Il s'agit donc de nous interroger sur les motivations du sujet qui cherche à savoir. Aborder le savoir à partir d'une telle interrogation peut sembler paradoxal car le savoir se définit par son objectivité tandis que le désir est vécu de façon subjective. Comment l'objectivité du savoir peut- elle dériver du désir subjectif d'un sujet ? Et qu'importe à l'objectivité du savoir son origine subjective ? [...]
[...] Parce qu'il est un être raisonnable, l'homme cherche à savoir. C'est ce que Kant exprime dans la reprise qu'il fait du mythe de la chute hors du paradis terrestre dans ses Conjectures sur les Débuts de l'Histoire de l'Humanité. Kant y propose une version laïque de la chute hors du paradis terrestre. Il imagine un homme capable de se tenir droit, de parler et même de penser. Dans le paradis terrestre l'instinct, cette voix de Dieu, à laquelle tous les animaux obéissent devait seul d'abord conduire notre nouvelle créature. [...]
[...] Son activité est continue, elle est indépendante des aléas du monde, elle constitue un plaisir pur et stable. L'homme cherche à savoir car par le savoir il accomplit sa nature propre et conquiert le plaisir le plus élevé qui puisse lui être donné dans cette vie. L'homme cherche donc à savoir parce qu'il est doté de raison et cette recherche est pour lui objet du plus grand plaisir qui puisse exister dans une vie humaine. Mais dans ce cas, l'homme cherche-t-il la possession du savoir ou cherche-t-il seulement la recherche comme activité ? [...]
[...] C'est ce que Kant explique à travers ses antinomies. La raison se prend pour l'entendement. Mais il s'agit dans le même temps d'une illusion naturelle de la raison et d'une illusion qui lui est bénéfique car la raison donne ainsi des pistes de recherche, des fils directeurs qui guident le travail de l'entendement et le conduisent sur la voie de connaissances toujours plus complètes. Ainsi, sans doute nous faut- il admettre que l'homme cherche à savoir parce qu'il est homme et qu'en tant que tel il peut pas ne pas chercher à moins de se réduire à l'état d'animal stupide. [...]
[...] La pensée est un cheminement, un progrès. Dans son Philèbe, Platon définit la dialectique comme une route dont il est amoureux. La pensée est discursive, elle suppose un passage d'un élément à un autre selon un ordre. Descartes évoque les longues chaînes de raisons qui caractérisent la pensée discursive. La raison est avant tout recherche et non pas possession du savoir. La possession du savoir est dogmatisme. Hegel définissait comme dogmatique tout ce qui se présente sous la forme d'un résultat fixe. [...]
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