Essai dans lequel vous analyserez librement la manière dont Diderot et Rousseau font chacun le portrait de l'autre. Vous pourrez éventuellement montrer comment le thème de l'amitié véritable, tel que ces deux auteurs le conçoivent, est mobilisé par l'un et par l'autre pour dépeindre le « faux frère ».
[...] Denis Diderot & Jean-Jacques Rousseau sont deux auteurs philosophes marquant du 18ème siècle. Amis puis « anciens » amis jusqu'à la fin de leur vie, ils entretiennent une relation paradoxale, houleuse, envieuse et à la fois pleine d'admiration. Ils collaborent sur plusieurs ouvrages avant de voir leur chemin se séparer définitivement. Du moins, en apparence, car leurs écrits respectifs continuent à communiquer de manière indirecte. Certains parlent d'intertexualité entre Rousseau et Diderot : même si leur philosophie s'oppose, leurs textes sont très souvent écrits en référence implicite ou explicite. [...]
[...] Le second texte, moins long et dense que le premier, nous permet de nous pencher sur deux points importants : le déterminisme et les caractéristiques de chaque humain dans la conception de l'amitié, ainsi que les limites et la potentielle destruction de l'amitié par le faux frère. Nous y voyons ici la dénonciation du faux frère, Diderot, par Rousseau. Nous choisirons cette définition neutre pour faux frère : « Celui qui trahit son frère ou une société dont il fait partie ou quelqu'un de cette société ». C'est très semblable à ce que Rousseau reproche à Diderot et inversement : « [Note de Rousseau. [...]
[...] En dressant son autoportrait, Rousseau s'inscrit en contre de Diderot et la société. Passons au dernier texte. Ici, Diderot décrit Jean Jacques Rousseau, ce contradicteur et paradoxale personnage. Derrière les critiques, les reproches, la description exhaustive et sévère de ses bigarrures, il explique comment l'ami ne peut se passer de son ennemi pour vivre et surtout exister. Dans cet affrontement, ils se sont emportés, insultés, trahis, abîmés . mais ils se sont aussi dépassés, plus qu'ils ne l'auraient fait s'ils n'avaient pas été confrontés l'un à l'autre. [...]
[...] Ils se sont brulés l'un l'autre. En conclusion, Rousseau et Diderot nous montrent aussi que leur amitié, bien que finie selon eux, est bien plus profonde que le confort égotique de l'altérité. Chacun donne une version de l'amitié véritable mais la leçon tirée de leur histoire semble encore plus pertinente. Comme le démontre Nietzsche, il n'y a pas de bien commun mais une communauté de combat dans l'amitié. L'un permet à l'autre de se surpasser pour aller plus loin dans la quête idéale du surhomme. [...]
[...] » Il ne peut excuser son ancien ami, qu'il n'apprécie plus en tant qu'homme mais admire toujours en tant qu'écrivain. « Rousseau n'est plus. Quoiqu'il eût accepté de la plupart d'entre nous, pendant de longues années, tous les secours de la bienfaisance et tous les services de l'amitié, et qu'après avoir reconnu et confessé mon innocence, il m'ait perfidement et lâchement insulté, je ne l'ai ni persécuté ni haï. J'estimais l'écrivain, mais je n'estimais pas l'homme ; et le mépris est un sentiment froid qui ne pousse à aucun procédé violent. [...]
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