Le 9 décembre 1946, commence le procès des médecins nazis, dit le « Procès de Nuremberg ». Faisant suite au très célèbre procès au cours duquel vingt-deux dignitaires du parti nazi, de l'armée allemande et du troisième Reich furent condamnés, il a vu jugés vingt médecins et trois scientifiques impliqués dans des expérimentations médicales que l'on peut qualifier aujourd'hui d'inhumaines, d'impensables, voire d'indicibles.
C'est indubitablement à cette occasion que les atrocités commises ont bouleversé la conscience humaine et que pour la première fois, les juges ont pris la mesure du vide juridique, mais également éthique dans le domaine des expérimentations scientifiques faites sur l'homme. Le code de Nuremberg a alors constitué, comme l'écrit Bruno Halioua, « le point de départ de la prise de conscience des dangers des progrès de la science, avec les dérives qu'elle peut susciter, et de la nécessité de l'encadrer par un certain nombre de règles ». Cela nous montre le caractère récent de l'émergence de la pensée véritablement éthique.
Nous pouvons définir l'éthique comme une réflexion sur la moralité des pratiques. Elle détermine ce qu'il convient de faire ou de ne pas faire dans certaines circonstances déterminées pouvant déboucher sur des règles que l'on se donnerait. Ni absolue, ni normative, ni définitive, ni a priori, elle ne se meut que dans le relatif et le provisoire. Dans la mesure où elle est précédée de l'expérience, elle n'appartient à aucun système véritablement transcendant. La pensée éthique est comme une sphère que l'on peut scinder en deux parties. Nous avons d'une part les éthiques dites « hétéronomiques » qui consistent à recevoir leurs règles par un Autre que soi-même.
Puisant leurs sources conceptuelles chez Aristote (où les lois étaient dictées par le Cosmos) et chez Saint-Augustin (où elles venaient cette fois de Dieu), on les retrouve dans l'éthique contemporaine dans trois courants principaux : dans l'éco-éthique de Hans Jonas, dans l'éthique contextualiste de Bernard Williams et dans les éthiques conséquentialistes en général (dans l'utilitarisme en particulier). Ce n'est cependant pas à ce courant que nous allons nous intéresser. De l'autre côté de la sphère éthique, on retrouve les éthiques dites « autonomiques ». Elles consistent à voir l'homme comme producteur de ses propres règles, c'est-à-dire qu'il les crée en cas de besoin pour les universaliser ensuite. L'autonomie est généralement déontologique et on en trouve les origines principalement chez Descartes d'un point de vue ontologique (avec la théorie du Cogito), chez Rousseau d'un point de vue politique (avec la théorie du Contrat social) et chez Kant d'un point de vue moral, source sur laquelle nous allons revenir très brièvement afin de comprendre ce à quoi nous allons ensuite nous intéresser en détail.
[...] Du procès au code de Nuremberg : principes de l'éthique biomédicale in Ethique, médecine et société. Vuibert ; 2007 ; Paris ; p.159 DURAND, Guy. Introduction générale à la bioéthique ; Histoire, concepts et outils. Fides ; Québec ; 2005. Ibid Ibid Ce principe est énoncé dans l'ouvrage Vers la paix perpétuelle et est défini comme l'idée que ce dont on ne peut pas parler ouvertement dans l'espace public n'est pas moralement bon. Si l'on veut le faire, c'est en informant des tiers identifiés comme la famille du patient, nos collègues ou nos supérieurs hiérarchiques qu'il est possible d'y parvenir. [...]
[...] Des avantages de l'éthique de la discussion L'éthique habermassienne de la discussion présente un certain nombre d'avantages, mais nous allons revenir sur quatre en particuliers qui semblent en constituer les pierres angulaires. En premier lieu, ce système de discussion permet une résolution des conflits généralement insolubles que l'on doit au multiculturalisme. En effet, dans le milieu médical, les problèmes les plus importants sont généralement liés aux différences culturelles entre les personnes. Ces problèmes peuvent être moraux, religieux, sociaux, voire historiques. [...]
[...] Il s'oppose au modèle autonomiste, où la morale est déontologique (car agir moralement revient à respecter des principes). Le paradigme y est plus contractualiste car on y voit la relation entre le médecin et le patient de manière plus consumériste. On est sortis du modèle parternaliste en raison d'une évolution sociétale (on s'est mis à revendiquer plus ses choix personnels) et technologique (avec un accès à l'information facilité). À côté de cela, on s'est mis à rejeter le modèle relationnel dissymétrique entre le médecin et le patient. [...]
[...] On retrouve dans l'éthique contemporaine trois courants se réclamant de l'autonomie kantienne. Nous avons la théorie de la justice comme équité de John Rawls, la théorie de l'autonomie pluraliste d'H.T Engelhardt, et enfin l'éthique de la discussion d'Habermas, qui est la théorie sur laquelle nous allons concentrer nos efforts. Afin d'appréhender de la meilleure des manières cette théorie éthique, nous diviserons notre travail en deux parties, une première théorique où nous la présenterons aussi clairement et distinctement que possible et où nous reviendrons sur ses avantages et ses inconvénients, puis dans une seconde plus pratique où nous verrons comment elle peut s'appliquer empiriquement sur les questions de fin de vie Aspects théoriques de l'éthique de la discussion a. [...]
[...] La question de l'obstination déraisonnable se poserait alors. En effet, à partir de quel moment il devenait difficile de suivre le principe de sauver à tout prix ? Pour répondre à cela, les médecins se sont servis de la doctrine du double effet, que l'on trouve à la base dans la Somme Théologique de Saint Thomas d'Aquin. Cela consiste à trouver toute mauvaise conséquence à une action bonne, partant du principe qu'il y a toujours un revers à la médaille. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture