Comme le note Bachelard, « nous avons la puissance de réveiller les sources : or, il est au fond de l'homme une source qui ne tarit pas mais qui a besoin d'être réveillée, c'est la source des rêves, des images. » (La Psychanalyse du Feu). Comment l'espace peut-il susciter, provoquer l'onirisme ? Comment la poésie nous fait-elle ressentir et vivre l'espace ? Comment les images poétiques peuvent-elles permettre la sublimation pure, délestée de la charge des passions, sublimation aboutissant à la réconciliation de l'homme et du cosmos ?
[...] Tout lecteur est un poète, un écrivain en puissance. En effet, tout lecteur, un peu passionné de lecture, nourrit et refoule par la lecture, un désir d'être écrivain. C'est ainsi que parfois nous éprouvons cette impression étrange que certaines pages de livres nous concernent, qu'elles ont été écrites pour nous et que nous aurions pu nous mêmes les écrire. Nous nous sentons parfois touchés au plus profond de notre être. C'est la parole du poète qui nous parle, qui s'insinue en nous, pour nous faire découvrir et explorer d'autres contrées. [...]
[...] Il y a donc une puissance d'attraction de toutes les régions de l'intimité, car leur être est bien être. Ces espaces de l'intimité sont en effet les espaces du bonheur. B La maison, havre de paix - La maison, valeur d'abri C'est pour cette raison que la maison est en tout premier lieu l'image même de l'intimité, elle cristallise et condense en elle toutes les valeurs de protection. L'image de la maison est à la fois créatrice d'être, force de concentration, puissance de pacification et de diffusion, plénitude première. [...]
[...] Appliquant cette méthode à l'espace, Bachelard se livre donc à une topophilie où l'imagination prend possession de notre être intime. En lisant Bachelard, on retrouve une civilisation perdue : les vieilles maisons d'antan avec des greniers et des caves, tout un monde de coffres, de recoins, de vieux meubles et de chandelles. Et par l'imaginaire, il y a alors un axe de devenir humain selon les termes de Jean Lescure dans Paroles de Gaston Bachelard., qui est un axe du monde, un axe cosmologique. [...]
[...] - la dialectique du dedans et du dehors C'est alors que s'établit toute une dialectique du dedans et du dehors. La maison onirique en tant que centre joue en effet sur l'environnement. Une maison centre est toujours située dans la nature, elle vit au rythme des saisons, elle éprouve et épouse le rythme de l'univers, du cosmos. C'est ainsi que la maison onirique renvoyant à l'hiver différera de celle renvoyant à l'été. Une maison dans la neige néantise le monde extérieur, en renforçant les réserves d'intimité. [...]
[...] Et elle ne saurait se saisir dans toute sa puissance, sans qu'on porte la plus grande attention à ce travail sur les mots. La poésie est donc bien le lieu privilégié de l'imagination. Dans le quotidien, l'image, le mot sont transitifs et renvoient toujours à une chose qu'ils désignent et devant laquelle ils s'effacent. au contraire, l'image poétique est intransitive, elle a en elle même une substance, une épaisseur et cette intransitivité concourt à la production d'une perception particulière de l'objet. [...]
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