Poète enchanteur, Orphée, artiste, instrument de musique, prince des poètes, lanceur de charmes
Dans l'antiquité, le poète est l'aède, à savoir un artiste qui chante des épopées en s'accompagnant d'un instrument de musique. Le prince des poètes, ou le premier, puisque « princes » signifie « premier » en latin, est Orphée. C'est en exprimant ses sentiments à travers le chant et à l'aide de sa lyre qu'il charma les animaux sauvages, les arbres, les pierres, rendit courage aux hommes, et supervisa la mort. Ce chant peut alors être qualifié d'incantation mélodieuse. En latin, ce terme est appelé carmen, qui signifie « chanter », mais aussi « texte sacré, invocation ». Le poète userait donc de ce qu'on appellerait formules magiques, serait un lanceur de charmes.
[...] Or Du Bellay est un poète de la Pléiade, et il veut donner à la littérature française ses lettres de noblesse pour ainsi montrer que la littérature française peut rivaliser et même dépasser la littérature antique (grecque et romaine), et donc la littérature italienne, qui a succédé à Rome. Parfois, le poète choisit d'hypnotiser son lecteur plutôt que de l'enchanter. Au contraire du but de l'entraîner dans un monde plus beau, il ne souhaite que le transporter là où il le souhaite. Rimbaud, par exemple, écrit Venus Anadyomène dans le but d'offusquer son public par son esprit anti-parnassien. Il n'y utilise que des termes péjoratifs, cherchant à faire lire son poème au moyen du choc. [...]
[...] Il aurait donc des visions lui procurant le savoir ; cet aspect est illustré par les vers Peuple ! Écoutez le poète ! /écoutez le rêveur sacré ! Il est un être élu mené par Dieu, tel un prophète. L'emploi des verbes il voit il pense est absolu, évoquant une vocation indéniable. Ce texte donc didactique possède aussi une force intérieure, une puissance évocatrice. La mission du poète est d'orienter l'histoire, de guider vers la lumière, le progrès, car c'est un être visionnaire. Le poète est aussi, mais surtout un messager. [...]
[...] En latin, ce terme est appelé Carmen, qui signifie chanter mais aussi texte sacré, invocation Le poète userait donc de ce qu'on appellerait formules magiques, serait un lanceur de charmes. D'après un critique contemporain, l'écrivain est un enchanteur ; toutefois qu'en est-il du poète, est-ce sa véritable vocation ? Pour répondre à cette question, nous étudierons tout d'abord en quoi le poète peut être un enchanteur, puis nous nous intéresserons dans un second temps au fait qu'il ne l'a pas toujours été, pour enfin nous pencher sur le fait qu'enchanter n'est pas sa seule fonction. L'écriture poétique est un outil artistique qui crée, chez le lecteur, un envoûtement. [...]
[...] Cet enchantement de la part de l'auteur permet parfois au lecteur de se détacher de son monde. Certains poèmes décrivent des scènes hors du temps, sans début ni fin, un moment éphémère figé à jamais. Dans Après trois ans, Verlaine entre, accompagné de son lecteur, dans un jardin clos, coupé du monde, évoqué par la porte étroite Ici, le poète plonge dans ses souvenirs, comme le montrent les termes j'ai tout revu comme avant m'est connu dans lesquels il entraîne le lecteur le faisant s'échapper un instant de sa réalité. [...]
[...] Et la mer et l'amour est un poème de Pierre de Marbeuf utilisant la paronomasie, dans le but d'amener le lecteur vers la confusion à travers l'hypnose du sens : Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage/Et la mer est amère, et l'amour est amer Certains poètes vont jusqu'à forger une forme semblable à une illustration pour plonger le lecteur dans une phase de fascination dès le premier regard au texte. Le poète travaille ses mots et forge une forme spécifique pour chercher à envoûter le lecteur ; cependant, le poète n'a pas toujours été un enchanteur. Selon l'époque à laquelle il appartient, le poète a pu être prisonnier des conventions. Au XVIe siècle, la forme fixe qu'est le sonnet est souvent utilisée. [...]
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