Plotin, école néo-platonicienne, grandes écoles philosophiques de l'Antiquité, stoïcisme, épicurisme, scepticisme, allégorie de la caverne, morale du « souci de soi », de la « statue intérieure"
Plotin (205-270) est le fondateur de l'école néo-platonicienne, dernière des grandes écoles philosophiques de l'Antiquité (elle subsistera jusqu'à la fermeture de l'Académie platonicienne par Justinien en 529) et compte des auteurs comme Porphyre, Produs ou Jamblique. Pendant la période hellénistique et dans les premiers siècles de l'Empire romain, ce sont le stoïcisme, l'épicurisme et le scepticisme qui occupent le devant de la scène philosophique. L'Académie était d'ailleurs elle-même devenue une école développant une forme de scepticisme, dit « académique », s'inspirant notamment du « non-savoir » socratique. Tout au contraire, Plotin procède à une interprétation de l'oeuvre de Platon, comprise comme une métaphysique systématique.
[...] Plotin se dégage de ce débat, car il estime que ce qui importe c'est la richesse de la révélation de la beauté, non la hiérarchie de ses formes. Le traité Du beau définit précisément la beauté comme l'unité profonde du réel : de ce point de vue, les exemples plotiniens sont variés et surprenants, de l'éclair zébrant le ciel à l'harmonie des chants ou à la beauté d'une couleur pure. Multiplier les sources de la beauté, c'est faire saisir que tout l'univers participe de l'un-bien, et c'est nous enjoindre à ne pas être inférieur aux êtres naturels ou aux produits de l'art : c'est nous inviter à trouver notre propre unité, et à retrouver ainsi la source de tout être, ce que le texte nomme le père Toute purification est une unification, qui est une remontée aux origines. [...]
[...] ] des arts> créent un grand nombre de choses par eux-mêmes, ils suppléent même à la réalité naturelle, pour autant que quelque chose y fait défaut, justement parce qu'ils sont en possession du Beau. Ainsi, par exemple, ce n'est pas comme spectateur d'une réalité sensible que Phidias a sculpté Zeus, mais en le saisissant tel qu'en lui-même il fût apparu, pour peu qu'il eût voulu paraître aux yeux des hommes (Ennéades V Du beau intelligible). Beau et bien On voit donc que Plotin infléchit la pensée de Platon. [...]
[...] La beauté intérieure, dira-t-on, ne suppose-t-elle pas d'être elle-même vue par un œil intérieur ? Mais ce n'est pas comprendre que c'est notre âme elle-même qui devient belle par la purification. Au terme du mouvement, il n'y a plus de place pour l'opposition même entre sujet et objet. On arrive enfin à une transformation de soi, qui est retour à soi, qui supprime toute extériorité, toute séparation, ce qui est le sens même de la vraie beauté : Est-il donc possible qu'on soit dans le Beau sans le voir ? [...]
[...] Platon a consacré deux dialogues majeurs à cette question, Le Banquet et Le Phèdre. Dans ces deux textes, la beauté est inséparable de l'amour, d'éros : c'est parce que l'âme est amoureuse d'une beauté sensible, d'un beau corps, qu'elle peut s'élever par-delà la beauté sensible vers une autre beauté, la source de toute beauté : l'idée de beauté elle-même. Bien sûr, et Plotin affirme aussi nettement ce point, ce mouvement n'est pas donné à toutes les âmes, mais seulement à celles qui sont philosophes : les âmes vulgaires ne cherchent dans l'amour des corps que le plaisir sensible, et sont incapables de voir dans la beauté sensible un reflet d'une beauté transcendante. [...]
[...] Se développe alors ce qu'on appelle la renaissance néo-platonicienne, dont certains artistes sont l'expression directe. C'est en tout cas à travers le prisme de l'idée de beauté idéale que le grand historien de l'art Erwin Panofsky (1892-1968) a interprété les deux plus célèbres tableaux de Botticelli, La Naissance de Vénus et Le Printemps, tous les deux aux Offices à Florence. De même, à travers ses sonnets, Michel-Ange affirme son désir de s'extraire de la pesanteur de la matière pour atteindre l'idéal. [...]
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