On appellera ici "mystique" toute doctrine métaphysique qui vise à fusionner ontologiquement Dieu et le Monde, la créature et son créateur. Ainsi, toute philosophie mystique débouche sur la conclusion que la créature est à elle-même son propre créateur ; autrement dit, que l'univers se crée lui-même. Cette identité entre Dieu et les créatures entraîne d'importantes répercussions éthiques comme esthétiques.
Tout d'abord, je ne suis plus responsable devant une autorité transcendante qui va me juger, dans le futur, mais devant mon propre jugement ici et maintenant, à chaque instant, puisque je ne suis pas autre chose que l'univers entrain de se façonner lui-même. D'un point de vue éthique, c'est donc à une responsabilité se déterminant elle-même qu'aboutit la position mystique. D'un point de vue esthétique, ladite position nous pousse vers un relativisme total de la sensibilité : il n'y a plus de norme transcendante de l'agréable - nous dirons ici : du beau - mais chaque sensation agréable est à elle-même sa propre norme, en tant qu'elle existe, puisqu'elle n'est autre que l'univers entrain d'éprouver, de s'éprouver comme agréable (...)
[...] Dieu, voulant faire le monde semblable à ce qu' il y a de plus beau et de plus parfait parmi les choses intelligibles, en fit un animal visible, un et renfermant en lui tous les autres animaux, comme étant de la même nature que lui. Timée, 30c - 30d. Nous venons de rencontrer déjà quelques similitudes entre nos deux auteurs. En premier lieu, Dieu et le monde des phénomènes participent constamment l'un de l'autre. Ensuite, cette participation peut se faire par l'intermédiaire d'archétypes de nature conceptuelle et éthérée, les Idées. [...]
[...] Convergences entre la mystique du Timée de P laton et du P eriphyseon de Jean Scot É rigène On appellera ici mystique toute doctrine métaphysique qui vise à fusionner ontologiquement Dieu et le Monde, la créature et son créateur. Ainsi, toute philosophie mystique débouche sur la conclusion que la créature est à elle-même son propre créateur ; autrement dit, que l'univers se crée lui-même. Cette identité entre Dieu et les créatures entraîne d'importantes répercussions éthiques comme esthétiques. Tout d'abord, je ne suis plus responsable devant une autorité transcendante qui va me juger, dans le futur, mais devant mon propre jugement ici et maintenant, à chaque instant, puisque je ne suis pas autre chose que l'univers entrain de se façonner lui-même. [...]
[...] Cette dernière citation illustre nos propos précédents : la métaphysique de Platon serait un holisme, mais pas une mystique. Le Dieu intelligible demeure séparé du Dieu matériel, le theos séparé du cosmos. Cependant, les deux passages cités cidessous peuvent laisser entendre que la conception esquissée dans le Timée ne consistait peut-être pas simplement en un dualisme entre l'Esprit et la Matière. Le Dieu sensible n'est-il que la copie du Dieu intelligible ? Déjà, la citation précédente laissait une porte entrouverte : une copie d'une beauté et d'une perfection accomplies c'est-à-dire totales, ce serait une copie - selon les critères platoniciens de la beauté et de la perfection - non périssable, non contingente, une copie conforme à l'original. [...]
[...] Nous avons essayé de pointer quelques points de convergence entre les métaphysiques exposées respectivement dans le Timée et dans le Periphyseon. Nous avons vu que les positions métaphysiques des deux auteurs pouvaient être qualifiées de mystiques en ce qu'elles posaient l'existence de la réalité comme un Tout indissociable : il n'y a pas des réalités, mais bien une réalité, celle du Dieu-Monde ou du Monde-Dieu, le seul être qui existe. Il se trouve également que les deux doctrines mystiques ne sont pas articulées autour d'une structure binaire opposant intellectuellement Dieu et les phénomènes pour les faire fusionner ensuite sous forme d'un postulat théorique. [...]
[...] Les causes primordiales guident la création et le développement de univers. Il s'agit de catégories telles que la bonté, essence, la vie, la sagesse, la vérité, intellect, la raison, la vertu, la justice, le salut, la toute-puissance, éternité, la paix, et autres principes qui découlent de la Sagesse de Dieu. On peut ici aisément établir un parallèle avec la doctrine platonicienne des idées-formes ou ideai : Il nous faut suivre et exposer ces deux genres de causes, en traitant séparément de celles qui produisent avec intelligence ce qui est beau et bien, et de celles qui, dépourvues de raison, agissent au hasard et sans ordre. [...]
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