La pratique abordée par Platon est celle de la dialectique en tant qu'elle conduit celui qui s'y livre à pratiquer et à accepter la réfutation.
La question est de savoir si la réfutation n'est pas un mal (pour l'ego du réfuté) nécessaire pour acquérir une sagesse toujours plus grande, en évitant les erreurs de la pensée unique. Il s'agit ainsi au fond de se demander si le "savoir" de chacun n'a pas beaucoup, voir tout à gagner de sa remise en cause au contact critique de celui des autres (...)
[...] Veux-tu savoir quel type d'homme je suis ? Eh bien, je suis quelqu'un qui est content d'être réfuté, quand ce que je dis est faux, quelqu'un qui a aussi plaisir à réfuter quand ce qu'on me dit n'est pas vrai, mais auquel il ne plaît pas moins d'être réfuté que de réfuter. En fait, j'estime qu'il y a plus grand avantage à être réfuté que de réfuter, dans la mesure où se débarrasser du pire des maux fait plus de bien qu'en délivrer autrui. [...]
[...] En présentant les méfaits d'un dialogue mal engagé, Socrate suscite un sursaut salutaire chez l'auditeur qui, intérieurement,doit penser: "Je ne serai pas ainsi". Socrate ayant défini la condition de ce sursaut dans l'acceptation de la réfutation, il est bien obligé de l'accepter . La surenchère finale à laquelle Socrate soumet Gorgias en parlant de lui-même n'était pas gratuite. On voit le double piège tendu à l'interlocuteur. Socrate propose deux buts à atteindre: ne pas être le pire (comme dans les exemples donnés) et être le meilleur (comme Socrate). [...]
[...] Non, je voudrais essayer de comprendre ce qu'on dit Lachès et Nicias". Et ils leur demande la permission de les interroger : pourquoi as-tu dit ceci, pourquoi as-tu pris tel exemple, pourquoi à ce moment-là as-tu changé de ton?" Il commence une enquête très subtile et il apparaît au bout d'un certain temps, pour tous les interlocuteurs, et par conséquent pour nous lecteurs, qui sommes en quelque sorte un interlocuteur supérieur, que Lachès et Nicias se savaient pas ce qu'ils disaient, qu'il parlaient par pur mécanisme, qu'ils avaient une idée préconçue et qu'à partir de-là ils ont fabriqué leur argumentation, mais que cette argumentation n'est absolument pas probante. [...]
[...] Donc Gorgias devra faire de même s'il veut poursuivre le dialogue. Socrate avoue aimer "réfuter quand ce qu'on lui dit n'est pas vrai". Ainsi il justifie le fait de réfuter Gorgias mais est bien obligé de lui assurer en retour de souffrir d'être contredit. Toutefois, afin sans doute de ne pas être taxé de "réfuteur à tout Socrate affirme qu'il ne lui plaît pas moins "d'être réfuté que de réfuter" et ajoute estimer "trouver plus grand avantage à être réfuté que réfuter", ce qui place donc Gorgias dans la situation de devoir, à présent, se déclarer heureux d'être réfuté, alors même que c'est sa pratique de la rhétorique qui est remise en cause . [...]
[...] Premier cas de figure: celui d'un dialogue qui n'aboutit pas: " les interlocuteurs ont du mal à définir les sujets dont ils ont commencé de discuter et à conclure leur discussion après s'être l'un et l'autre mutuellement instruits". Deuxième cas de figure, celui d'un dialogue qui tourne mal : " Au contraire, s'il arrive qu'ils soient en désaccord sur quelque chose, si l'un déclare que l'autre se trompe ou parle d'une façon confuse, ils s'irritent l'un contre l'autre, et chacun d'eux estime que son interlocuteur s'exprime avec mauvaise foi, pour avoir le dernier mot, sans chercher à savoir ce qui est au fond de la discussion. [...]
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