40% du commerce intérieur français au XVIIe siècle concerne les colonies. Un quart de la population en France hexagonale en tire profit. C'est dire l'intérêt –fondamentalement économique- que représente la structure foncière et manufacturière familiale. Ce n'est autre que la population. Elle est au cœur de la société coloniale puis métropolitaine. La « plantation » sous la plume de Glissant c'est l'habitation aux petites Antilles. De même, on retrouve l'estate en Amérique du Nord ou l'hacienda en Amérique du Sud et centrale dotée chacune de leurs particularités en matière de conception et de poids commercial. La plantation serait un concept vivant, autonome et sous-influence. C'est une représentation mentale, une interprétation, celle d'un écrivain antillais noir et père de l'Antillanité- ou courant identitaire du XXe s- nourrie d'un recul historique de plus de deux siècles. Il affirme ce qu'est la Plantation, en donne une définition dans l'ouvrage intitulé La Cohée du lamentin, Poétique V (p.83) publié en 2005. Il faut alors conforter cette image à la réalité afin de soutenir et ou de limiter cette thèse –fût-elle simpliste ou relative-. Le problème repose sur le fondement de la conception de la Plantation et ce qu'elle a été. Est-ce la même dans les textes comme dans les faits ? Et, comment saisir cette double dynamique- autonomie et dépendance –qui est le propre de la Plantation ? Enfin, quelle est la vie de la Plantation ?
[...] L'omniprésence du préjugé de couleur qui définit la société coloniale prend son origine ou se rythme à partir de la Plantation Ainsi, se comprend la hiérarchie ethno-sociale telle que la conçoit F. Régent en 2004, date à laquelle il publie Esclavage, Métissage, Liberté, la Révolution Française en Guadeloupe 1789-1802. La culture en est elle-même rythmée. Les Noirs, de par leur couleur sont infériorisés, voire essentiellement inférieurs. La couleur nourrit les préjugés et connote la place à tenir dans la société. [...]
[...] Les barrières restent entrouvertes. III/ La Plantation : un virage de la société antillaise qui évolue à la veille de la Révolution française Dans les années 1780, lors du passage à la République une question se pose dans la Plantation : quelle vie pour les esclaves et les planteurs et quelles issues pour le système en cours ? La Plantation reflète alors la prospérité de la Métropole puis son système entre au cœur de la volonté de changements (économiques et sociaux). [...]
[...] Faisant de l'esclave un bien meuble, il limite ou conditionne les châtiments et autres menaces que le planteur représenterait sur la marchandise. Il faut préserver la valeur marchande. C'est une forme de dépendance sur la Plantation une dépendance sur la Plantation une dépendance peu ou proue admise et respectée. Il y a donc un gouffre entre ce qui est de droit et ce qui est de fait ; un jeu des apparences et des réalités. Le Code Noir, parce qu'il est souvent nié, n'épuise pas le réel. La Métropole a une influence relative. [...]
[...] La Plantation est repensée de même que la traite négrière ou bière flottante (L'Ami des Noirs de Mirabeau) Le vie –ainsi entendue- de et dans la Plantation semble originale. L'affirmation d'Édouard Glissant interroge. Quelle en est la légitimité et quelles en sont les limites ? En fait, la Plantation animée a une double dynamique, celle d'une microsociété et celle d'un relais des institutions de la Métropole. Elle est le moteur de l'économie d'une société changeante. Elle n'est pas qu'une extension du mode de production esclavagiste ni même un monde à part. Elle joue de ses opportunités et de la modernité. Rien n'est constant. [...]
[...] Enfin, en 1764 aura lieu l'Exclusif mitigé, un adoucissement des tensions alors que l'Angleterre s'alarme de l'alliance des Bourbons (France/ Espagne) et favorise le démantèlement (momentané) de la puissance coloniale française. La Plantation en dépendra tout au long des tensions. Par nécessité, les blancs créoles (limités dans leurs opérations commerciales) violeront l'Exclusif par l'interlope. De fait, on entend à nouveau que, non seulement la Plantation dépend des institutions prises par la Métropole, mais aussi que, ce qui est en droit ne l'est pas toujours en fait. [...]
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