Dissertation de philosophie menée sur le plaisir : Est interrogé dans la définition du concept le caractère excessif de son essence.
[...] L'art est ainsi la confrontation du virtuel et de l'actuel ou l'accord de l'un avec l'autre. Cela veut-il dire que l'art fait exister d'une manière différente le plaisir en mettant en relation l'excès qualitatif et l'excès quantitatif? On a vu en effet que le plaisir nécessitait d'être considéré séparément pour l'âme et pour le corps car il impliquait de gérer différemment l'excès, et on s'est rendu compte que l'art nécessitait une rencontre des excès éprouvés par les deux enracinements de l'homme dans le vivant et dans la conscience. [...]
[...] En d'autres termes le plaisir n'est pas un mouvement qui oscille toujours dans la même unité, il est un état, peut être une oscillation, mais toujours différent de lui même, d'une nature toujours différente, qualifiant des activités différentes, il est donc dans ses manifestations non singulier mais pluriel. Et le concept de plaisir peut ainsi apparaître comme le résultat d'un mouvement d'invention. Est au principe du plaisir la variation des plaisirs. Le plaisir correspondrait alors à un excès dans la potentialité humaine de donner du sens à la réalité. Il serait la marque d'un besoin de remplir ce qui fait défaut l'homme et qui en même temps le figerait, c'est- à-dire un réel certain et immuable, la certitude d'un monde figé dans une objectivité inébranlable. [...]
[...] III) Le plaisir esthétique, cas particulier? Le beau et le sublime. On peut remarquer dans le plaisir esthétique une autre configuration de l'excès quantitatif et qualitatif. Il y a ainsi deux plaisirs esthétiques chez Kant: le beau, harmonique, où l'absence de tension déplaisante procède d'un accord entre la sensibilité et l'entendement, l'imagination artistique permettant cette réunion du sensible et de l'intelligible; et le sublime où plaisir et douleur se mêlent dans la perception d'une grandeur merveilleuse et terrifiante, dont l'excès empêche l'accord entre la sensibilité et l'entendement, l'imagination n'est ici ni le sensible ni l'entendement où seulement l'un et non l'autre (la tempête n'est que sensible, l'idéal n'est qu'intelligible). [...]
[...] La virtualité et la variation des plaisirs que perçoit la conscience ne se manifestent-t-elles que sous la forme d'une variation du plaisir sur une échelle toujours identique dans l'inconscient? La dichotomie entre un plaisir qualitatif et un plaisir quantitatif aurait-elle ainsi pour principe d'éviter de transcrire l'excès ontologique du plaisir le privilège de la nouveauté en excès physique et psychique que ne supporterait pas le vivant? Tout ce que le blâme grec et chrétien condamne, la variation quantitative dans le graphique plaisir-déplaisir en fonction du temps, serait ainsi ce qui relève de l'automatisme inconscient, de l'instinct naturel, du principe interne de la vie tendant à l'équilibre, et qui procède d'une réduction du surplus, d'une fuite de l'excès; et le plaisir qui ne concerne pas des tensions actuelles internes mais la virtualité du réel, lui, se mesurerait comme l'excès qualitatif par rapport à la réalité parce qu'il est la surprise de prendre conscience de la satisfaction et la capacité à faire varier sa nature. [...]
[...] Il serait aussi possible de penser l'excès du plaisir comme excès par nature et non par intensité: la conscience de la satisfaction modifierait ici la satisfaction elle-même, en y ajoutant quelque chose. Le plaisir est ici un excès dans la sensation, un surplus de l'instant. Il vient qualifier l'existence, lui donner un excès de sens et non un excès d'expériences. Le plaisir thématisé comme excès apparaît donc ambivalent. C'est cette double polarité du plaisir comme excès que l'on se proposera d'explorer en développant d'abord un excès du point de vue de la quantité, puis d'un point de vue de la qualité. [...]
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