Morales hédonistes, Aristote, plaisir, Heidsieck, intérêts de la liberté, Épicure, l'amour est une maladie
Le principe des morales hédonistes est que le plaisir manifeste à la fois une simplicité et un attrait qui le désignent comme le principe nécessaire de la vie heureuse. Qui ne voudrait donner raison aux morales eudémonistes, et surtout aux hédonistes ? Ainsi, selon certains témoignages, Aristippe était « partisan de cette volupté qui chatouille agréablement les sens, et que les animaux eux-mêmes, s'ils pouvaient parler, reconnaîtraient pour la vraie volupté » - ce que l'on interprète souvent comme l'approbation de la mollesse (Cicéron, Des vrais biens et des vrais maux, II, 6).
[...] Aristote s'efforce de corriger ce que l'hédonisme brut peut avoir de sommaire ; pour lui, le plaisir se manifeste comme le fruit d'une action réussie, quand l'être agissant trouve dans le monde les conditions de la réussite de cette action. Certes, ajoute- t-il, le plaisir implique la tempérance, par laquelle l'homme vertueux ne prend pas plaisir à ce qui plaît à l'intempérant, c'est-à-dire à ce qu'il juge indigne de lui (Ethique à Nicomaque, II, 14). Il faut s'exercer à un juste usage des plaisirs. L'incontinence (akrateia) consiste à oublier que certaines actions sont mauvaises (manger sucré), et ainsi à faire ce qui est mauvais par attrait du plaisir et oubli de la raison. La volonté s'y révèle faible. [...]
[...] Le plaisir peut-il être le fondement de la morale ? Qu'est-ce qu'une existence bonne ? Si la morale dépend du triple élan (intérêts d'autrui, amour de soi et lois sociales) quel rôle y jouera le plaisir ? Le principe des morales hédonistes est que le plaisir manifeste à la fois une simplicité et un attrait qui le désignent comme le principe nécessaire de la vie heureuse. Qui ne voudrait donner raison aux morales eudémonistes, et surtout aux hédonistes ? Ainsi, selon certains témoignages, Aristippe était partisan de cette volupté qui chatouille agréablement les sens, et que les animaux eux-mêmes, s'ils pouvaient parler, reconnaîtraient pour la vraie volupté - ce que l'on interprète souvent comme l'approbation de la mollesse (Cicéron, Des vrais biens et des vrais maux, II, 6). [...]
[...] L'attrait pour l'autre sexe provoque une irritation des parties génitales, un gonflement douloureux. Mais, au besoin animal s'ajoute la passion, qui est comme un abcès susceptible de s'aviver et de s'indurer. Avant même d'être la cause d'un dépérissement physique, la maladie d'amour provoque le dérangement mental et la violence. Les agissements de l'amour sont des ardeurs empoisonnées comparables à des combats (vers 1079 et suivants). Ainsi, du point de vue métriopathique, l'amour apporte-t-il, selon Lucrèce, plus de douleur que de plaisir (Salem, La mort n'est rien pour nous) ; ceux qui gardent la tête saine jouissent d'un plaisir plus pur que les malheureux égarés (vers 1075). [...]
[...] Ainsi, reprenant le projet de l'hédonisme, Épi- cure lui adjoint une doctrine de la prudence. Il fait, entre plaisir et douleur, plutôt une différence de degré que de nature : supposant que la vie est bonne, prise en ellemême, il peut se contenter de définir le plaisir comme l'absence de douleur (aponia) pour le corps et l'absence de trouble (ataraxia) pour l'âme (Lettre à Ménécée, 131). L'éthique consiste donc essentiellement à maintenir les conditions du plaisir, en évitant les pensées qui nous en détournent (la mort, les dieux) et en excluant les expériences qui causent de la douleur (les excès). [...]
[...] Dans les deux cas, les plaisirs sont faux, ils sanctionnent une défaite de la raison éclipsée par la passion. Le plaisir vrai au contraire est en quelque sorte le sourire de la vertu : plaisir du cheval heureux de bien courir, plaisir de l'homme heureux de bien penser, de bien agir. [ . ] Le plaisir aristotélicien accompagne le sérieux de l'existence comme une brise légère suit le flux de la rivière (Heidsieck, Plaisir et tempérance). La question reste cependant posée : le plaisir peut-il être le principe même de la morale ? [...]
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