Plaisir indicible, société puritaine, art du plaisir, voile de l'illusion, tabou culturel, mots
Dans Théorème de Pier Paolo Pasolini (1969), chaque personnage : le père, la mère, le fils, la fille ou la servante, après avoir gouté au plaisir absolu procuré par la venu d'un étrange jeune homme, l'Ange, finissent tous par s'isoler. La mère tente de retrouver un plaisir perdu, le père se dépossède de tout bien, le fils s'immerge dans l'art, la fille reste immobilisée dans son lit et la servante s'enterre vivante. Un peu comme si tous à leur manière étaient incompris ou ne pouvaient être compris. Que personne n'avait ou ne pouvait ressentir ce qu'ils ont ressenti. Ainsi le plaisir serait indicible ?
Est-ce son caractère si personnel, intense et extraordinaire qui le rend impossible à traduire par des mots ? Mais pourquoi alors les objets de plaisir ne sont-ils pas tous différents d'un individu à l'autre ? Peut-on développer un art du plaisir qui le rendrait donc dicible ? Est-ce que le plaisir serait victime d'un tabou culturel ?
[...] Peut-on développer un art du plaisir qui le rendrait donc dicible ? Est-ce que le plaisir serait victime d'un tabou culturel ? D'abord, nous verrons que le plaisir ne peut en soi être comprit, qu'il est dans sa nature de ne pas être saisissable par des mots. Mais le plaisir n'use t-il pas juste d'une ruse à ne pas vouloir être expliqué et conserver ainsi le voile de l'illusion ? Peut être même que ce sont les mots qui tendent à créer une certaine confusion autour du plaisir. [...]
[...] Il est difficile de parler du plaisir ouvertement, le plaisir est coupable donc indicible. Mais s'il est difficile de parler du plaisir n'est t-il pas pour autant possible de le décrire par d'autres moyens tel que l'art ? L'art peut se montrer beaucoup plus libre que le langage, il s'affranchit du carcan des mots et donc de l'emprise de la raison. Il est un moyen de retransmettre plus précisément ce qu'est le plaisir. Cependant, comme le langage, il souffre d'un problème de taille : il est lui même une source de plaisir. [...]
[...] En effet, le plaisir est en soi inexplicable, il est strictement cantonné au domaine de la sensation. Par là même il est subjectif, un individu peut tenter de décrire par des mots ce qu'il a ressentit mais il ne pourra jamais véritablement transmettre ses sensations à son interlocuteur. Hume dans Essais esthétiques aborde cette question de la subjectivité, et en particulier de la subjectivité du goût, il montre qu'il peut exister un millier de sentiment juste. Pour la science, alors que les hommes sont en accord sur les détails ils ne le sont plus vis à vis des principes généraux, vis à vis de la beauté d'une oeuvre c'est tout le contraire alors qu'ils peuvent paraître d'accord sur sa beauté, ils ne le sont plus concernant ses détails. [...]
[...] Il affirme que l'expérience nous permet de renforcer notre délicatesse de goût, et que sans elle nous ne pouvons discerner avec exactitude l'ensemble des sensations que nous percevons. Il y a donc un travail a effectuer dans l'appréhension du plaisir par le langage même si certains ont probablement une faculté inné à transmettre le plaisir par celui ci. Baudelaire est un génie car dans ces poèmes, il arrive a exprimer et associer odeurs, sons, textures, couleurs à des mots. Or, le plaisir étant instantané et complexe, il est très difficile pour le langage de se rapproché de sa réalité. [...]
[...] Platon dans Le Philèbe, tente de comprendre la nature du plaisir par la dialectique, il part du fait qu'il existe une multitude de plaisirs différents et parvient à les unifier sous un seul et même concept. Il existe donc une nature du plaisir, et par là il le rend dicible. Dans la secte pythagoricienne, tous n'avais pas accès de la même façon aux mathématiques, certains ne pouvaient prétendre à n'avoir que les résultats, tandis que les autres avaient accès aux démonstrations. [...]
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