Plaisir, logique hédoniste, raisonnement moral, eudémonisme, bonheur rationalisé
Une difficulté se trouve dans la base téléologique commune avec l'eudémonisme, la recherche du meilleur bien, assimilé à la fin dominante pour l'homme. Cela conduit à évaluer les plaisirs en termes de calcul, notion illustrée par l'utilitarisme classique de Bentham, mais aussi ancienne que l'hédonisme antique : l'« arithmétique des plaisirs » (d'Aristippe à Maupertuis) propose un critère d'évaluation mesurable. Perspective amorale de tout hédonisme radical (comme le cyrénaïsme, considérant que tout plaisir est « bon à prendre »).
[...] Pourquoi le plaisir doit-il renoncer à presque tous ses contenus lorsqu'il croit tenir lieu du bien ? La logique hédoniste du calcul des plaisirs. Nécessité d'élargir la définition du plaisir pour en faire le critère de la justice dans l'hédonisme utilitariste. Grandeurs et misères du raisonnement moral conséquentialiste Une difficulté se trouve dans la base téléologique commune avec l'eudémonisme, la recherche du meilleur bien, assimilé à la fin dominante pour l'homme. Cela conduit à évaluer les plaisirs en termes de calcul, notion illustrée par l'utilitarisme classique de Bentham, mais aussi ancienne que l'hédonisme antique : l'« arithmétique des plaisirs (d'Aristippe à Maupertuis) propose un critère d'évaluation mesurable. [...]
[...] C 'est négliger l'aspect distributif de la justice, les droits propres aux personnes, à leur libre autonomie. C 'est créer une perpétuelle obligation de sacrifice : S'il est rationnel pour moi de choisir la souffrance chez le dentiste pour éviter celle d'un mal de dents, pourquoi ne serait-il pas rationnel pour moi de choisir, pour Jones, une souffrance qui soit égale à celle de ma visite chez le dentiste, si c'est la seule façon d'éviter, à Robinson, une souffrance égale à celle de mon mal de dents (H. [...]
[...] Ce n'est pas un hasard si le calcul des plaisirs acquiert le statut éminent de critère objectif (juridique et poli tique) du bonheur, devenu intérêt général. Le critère moral, base d'une politique raisonnable, est le plus grand bonheur du plus grand nombre (Hutcheson). Il doit guider nos actes, et avant tout l'action du législateur. Ce qui est le plus utile à l'homme est ce qui sert son bien-être, entendu sur un plan de justice sociale et de droit. Le législateur doit envisager les conséquences à long terme de ses décisions en unités évaluables de bien-être, plaisir/douleur. [...]
[...] Mais si le plaisir est le trait commun à l'expérience de respirer des roses, de manger du chocolat, à l'affection réciproque et ainsi de suite ; de même pour l'attribut opposé, la douleur (Rawls, Théorie de la justice), l'utilitarisme est condamné à élargir sa base hédoniste parce qu'il engendre une conception étroite et amorale de l'utilité, choquante pour les intuitions morales ordinaires. Car un tel hédonisme quantitatif rejette évidemment la distinction (platonicienne, mais aussi chrétienne, et de sens commun) de différents genres de plaisirs, vrais et faux, bas ou élevés. La logique hédoniste veut que le plaisir s'élargisse, pour tenir compte de ce que sont pour un homme les biens et les fins. [...]
[...] Le prudentiel évoque, certes, l'eudémonisme aristotélicien, il met le plaisir dans l'activité, il tient compte des caractères, des excellences. Mais la notion de liberté ne peut être prise en compte sans que le plaisir perde radicalement toute valeur critique. Les débats internes à l'utilitarisme hédoniste, son abandon du calcul, ses nuances apportées au bien-être, tout cela ne demande-t-il pas un changement de problématique ? Prenons deux exemples concrets : dans une logique de plaisir utilitariste, si, au nom de la quantité maximale de satisfactions, certains individus s'autorisent à en discriminer d'autres pour se sentir mieux exister, le point de vue utilitariste ne les refuse qu'en raison de leur caractère socialement destructeur, non pour une raison de prin cipe, comme le fait une morale déontologique (kantienne, ou doctrine des droits naturels, ou encore théorie du contrat). [...]
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