Les livres III et IV de la Physique font l'objet d'un changement de point de vue de la part d'Aristote : il prend acte, au cours de son étude de la nature, de la nécessité d'étudier plus précisément le cas du "mouvement" - kinèsis - dans le cadre du "changement" - metabolè - (la nature étant en effet le principe intrinsèque selon lequel "se développe tout ce qui se développe", les "choses naturelles" possédant donc en elles-mêmes leur propre principe de mouvement). Ainsi, après avoir identifié les principes qui définissent la substance (comme composé de matière et de forme), et les causes auxquelles elle est soumise (matérielle, formelle, efficiente, et finale), Aristote se livre à une définition exhaustive du mouvement, ce qui suppose aussi d'en étudier les conditions : la question se pose donc pour l'infini, le lieu, le vide, et le temps (...)
[...] En fait ce constat est à l'origine d'une théorie du mouvement (mouvement dès lors initié par contact entre l'objet et le moteur) qui préfigure dans toute la Physique et qui sera convoquée à plusieurs reprises. Pour Aristote, la continuité du mouvement trouve sa raison d'être dans le domaine physique puisqu'il associe dans la production du mouvement une force de résistance offerte par le milieu et la force motrice transmise par le moteur, lors du contact. Pourtant Aristote semble hésiter entre deux possibilités ; du moins, il les évoque sans trancher : il attribue la cause de la poursuite de la course du projectile, soit du fait d'un échange réciproque entre l'objet et le moteur, soit parce que l'air mis en branle se concentre derrière le mobile, qu'il pousse à son tour. [...]
[...] Il s'agit donc de détailler ce qui, dans la définition même du mouvement, induit une incompatibilité avec l'existence du vide. Jusqu'ici, Aristote s'était efforcé de montrer l'extrême diversité du concept de mouvement en démontrant que le changement avait lieu selon quatre catégories : selon la substance, selon la qualité (altération) selon la quantité (augmentation/diminution), et selon le lieu (transport), les trois derniers types de changements étant des mouvements. Ces mouvements peuvent donc être l'œuvre de l'homme mouvement forcé ou contre-nature pour Aristote) ou de la nature. [...]
[...] Après avoir défini ce que pourrait être le vide (un lieu dans lequel il n'y a rien de lourd ni de léger réfuté par la même l'argument selon lequel le vide est la matière du corps (que l'on prête notamment Platon), et répondu aux atomistes en montrant qu'il n'existe ni un vide à l'intérieur des corps (vide non séparable), ni un vide qui accueille le mouvement (vide séparé)- l'existence du mouvement n'impliquant pas forcément l'existence du vide Aristote montre au moyen de cinq arguments que l'existence du vide est incompatible avec le mouvement. Ainsi, le mouvement du texte partant de considérations générales sur la différenciation du mouvement, en arrive finalement à un examen précis des deux catégories de mouvement : le mouvement naturel et le mouvement forcé, pour révéler la contradiction fondamentale entre l'existence du vide et la possibilité de réalisation du mouvement. Aristote s'efforce d'abord de monter la fausseté de la thèse qui établit un lien de nécessité entre l'existence du vide et la possibilité d'existence du mouvement. [...]
[...] Or, le mouvement naturel (qu'Aristote appelle ici le transport par nature étant, par définition, différencié il est inconcevable dans le vide, qui lui, ne l'est pas. L'antinomie entre l'existence du vide et celle du mouvement naturel est donc avérée ; elle l'est donc aussi concernant les mouvements contre nature, initiés par l'homme (puisque si le mouvement naturel est différencié, le mouvement forcé l'est aussi). Pourtant, Aristote décide de poursuivre comme si cela n'allait pas de soi, et s'intéresse donc de manière plus précise à l'exemple du projectile Le mouvement du texte part donc de considérations générales sur la différenciation du mouvement, avant d'en arriver à un examen plus précis des deux catégories de mouvement : le mouvement naturel, dans le deuxième paragraphe, puis le mouvement contraint, dans un second moment. [...]
[...] Aristote commence donc par exposer les arguments de ceux qui ont tenté de réfuter l'existence du vide (il s'agit des partisans d'Anaxagore) en montrant que, l'air étant quelque chose, il ne pouvait y avoir de vide. Mais Aristote réplique que ceux si se trompent de cible puisque la thèse qu'il s'agit de réfuter soutient que le vide est une extension séparable différente des corps divisant pour certains (Leucippe, Démocrite) le tout corporel dès lors non continu, et se trouvant en dehors du tout pour d'autres (certains pythagoriciens). [...]
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