Pour poser une définition pertinente de la violence, il nous faudra tout d'abord procéder par gradation : si l'on peut envisager et admettre (ou ne pas admettre) la violence comme un mal nécessaire, c'est peut-être qu'il s'agit d'une violence dont les effets ne sont pas totalement destructeurs, ne menacent pas la survie de l'espèce ...
[...] La violence pourrait ainsi nous accompagner en permanence, être en quelque sorte notre compagne éternelle, une forme de damnation. Si nous sommes damnés, c'est que nous avons beaucoup pêché, et la violence originaire qui nous hante est un châtiment. Fatalité ou malédiction, elle est à la fois épreuve et fléau. Mais, pour autant, existe- t-il des manifestations de la violence qui échappent aux catégories du mal ? Nécessité et admissibilité bouclent notre parcours : la violence nécessaire ne peut qu'être admise, il en va de la reproduction du corps social. [...]
[...] Après ce siècle de cauchemars, dont les peuples sortent révulsés, les institutions internationales semblent vouloir traiter de manière fonctionnelle la violence comme un phénomène quasi-épidémiologique : elle pourrait être en voie d'éradication prochaine. Pour l'OMS, à travers le rapport mondial sur la violence et la santé que nous avons précédemment évoqué, la violence est clairement définie comme un mal inadmissible qui occasionne des souffrances innombrables, sans un atome de nécessité. "Nous devons à nos enfants sont les plus vulnérables vie à l'abri de la violence et de la peur. [...]
[...] Mais la proposition contraire peut paraître invalidée par sa forme même : la violence admise est-elle nécessaire ? Questionner les fondements de la nécessité et de l'admissibilité de la violence, c'est aussi, à bien des égards, observer les représentations collectives de la morale et du droit dans les sociétés humaines, lesquelles définissent les usages de la violence socialement admis et en circonscrivent les effets. Le constat de l'existence d'une violence admise socialement ne nous dispense aucunement d'évoquer en conclusion la présence itérative de sociétés édéniques, telles le royaume de Minos dans la Crête du 2ème millénaire ou les clans de bons sauvages baka de la grande forêt équatoriale. [...]
[...] Même idée chez Pasiphaë ! Et la Commune de Paris, la Catalogne administrée un court instant par la CNT . etc. Une réserve cependant, la Commune et la Catalogne étaient en guerre et la violence s'exerçait à l'extérieur. Par contre, dans la Crête du roi Minos, la conjoncture est à la paix, au dedans comme au dehors, une paix totale, exactement celle que vivent les pygmées : paix éternelle des chants, de la chasse et de la danse, liberté, égalité, fraternité. [...]
[...] Il y a donc un initium de la violence, et aussi un continuum : "Yahvé vit que la méchanceté de l'homme était grande sur la terre et que son cœur ne formait que de mauvais dessins à longueur de journée" (Genèse le déluge). L'origine et la raison de la violence, son irruption parmi les hommes, ont bien à voir avec la transgression : c'est un châtiment divin. La psychanalyse - Freud et Reich, Dolto - reconstruit, quand à elle, une ontogenèse de la violence qui adopte les figures successives du refoulement, du traumatisme, de la reproduction, du pouvoir, de la frustration, de la perversion et de la déviance etc. : on est encore loin du compte. [...]
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