Il n'est pas rare d'entendre, lors d'une discussion, l'expression « A chacun sa vérité » pour faire prévaloir les différences de point de vue. Cette formule serait même prononcée par défi vis-à-vis d'autrui, pour se singulariser. Ce qui signifierait par là que la vérité est de l'ordre des propriétés personnelles de chacun. On aurait sa vérité, comme on a ses goûts personnels.
La conscience commune, qui pense de la sorte, s'oppose à la philosophie.
En effet la pensée philosophique semble se contraster sans conciliation possible avec le subjectivisme incarné par une formule "à chacun sa vérité".
Si toute vérité est susceptible de se réduire au point de vue de chacun, qu'en est-il du sens même de la philosophie qui se définit par la recherche de la vérité, une même vérité autour de laquelle tous les esprits en droit et en fait, seraient susceptibles de s'accorder ? Serait-il possible d'accorder une vérité hypothétique que chacun revendique de manière confuse, avec la fin de vérité universelle que la philosophie se fixe au risque de se perdre elle-même si cette fin n'est pas comprise par les hommes auxquels elle s'adresse ? La vérité dépendrait-elle de nous ? Dans quelle mesure la proposition "à chacun sa vérité" est-elle pertinente ?
Peut-on dire « a chacun sa vérité »?
1ère partie : Portrait de la vérité
La vérité, définie par veritas est adequatio rei et intellectus, est l'accord entre le jugement qui affirme telle ou telle chose et la réalité qui est ou n'est pas telle que nous le déclarons. La vérité est quelque chose qui se recherche, et la démarche philosophique s'est souvent confondue, depuis Platon, avec cette quête de la vérité. La vérité se définit par sa permanence et son universalité et ne saurait se confondre avec la diversité et la variabilité des opinions humaines. Est vrai par exemple ce qui exprime l'adéquation de notre intelligence (connaissance) à l'objet ou la réalité (...)
[...] Cette formule entend signifier que chacun est libre d'avoir sa philosophie, le problème ne fait que rebondir davantage: ce serait, dans cette perspective, placer la philosophie sur le terrain de la simple opinion. Hypothèse d'autant plus absurde qu'elle va à l'encontre de la tache que la philosophie se propose depuis Platon. Mais à quelles conditions la vérité est-elle accessible ? Quels obstacles la pensée doit-elle surmonter pour l'atteindre ? Est-elle même accessible ? La vérité étant quelque chose qui s'énonce, quels sont alors les critères qui rendent cette énonciation recevable ? Qu'est-ce qui fonde l'objectivité d'un jugement vrai ? [...]
[...] La conscience commune, qui pense de la sorte, s'oppose à la philosophie. En effet la pensée philosophique semble se contraster sans conciliation possible avec le subjectivisme incarné par une formule "à chacun sa vérité". Si toute vérité est susceptible de se réduire au point de vue de chacun, qu'en est-il du sens même de la philosophie qui se définit par la recherche de la vérité, une même vérité autour de laquelle tous les esprits en droit et en fait, seraient susceptibles de s'accorder ? [...]
[...] Les Sophistes contemporains de Platon en avaient déjà fait leur credo philosophique au Vème siècle av. J.C. Ce relativisme humaniste postulait avec Protagoras que l'homme est la mesure de toutes choses et que sur un même problème il était légitime d'énoncer une thèse aussi bien que sa contradictoire. Il y aurait donc autant de vérités que d'individus. Ce faisant, la sophistique confond l'être et les apparences, le vrai et le vraisemblable, l'opinion contradictoire, subjective, relative, contingente et indéterminées avec idée objective et dont la dimension universaliste et impersonnelle fait tout le sens. [...]
[...] Ces critères sont : la cohérence qui peut être illustrée par le syllogisme de Platon Tous les hommes sont mortels, Socrate est un homme, donc Socrate est mortel ;la conformité au réel que l'on retrouve chez Kant La définition nominale de la vérité, qui est en fait l'accord de la connaissance avec son objet en outre il faut distinguer avec Kant le critère formel de la vérité(respect du principe de contradiction et des normes de la logique) et le critère matériel(ce que nous énonçons résiste-t- il à l'épreuve des faits?); et l'opposition systématique à l'évidence que Descartes approuve avec sa méthode de doutes sceptique et méthodique car nul ne me garantit que ce qui m'est évident le soit nécessairement pour autrui et que ça relève de la vérité (cf. Discours de la méthode 2 et Cours sur la conscience, clarté et distinction). [...]
[...] La vérité dépendrait-elle de nous ? Dans quelle mesure la proposition "à chacun sa vérité" est-elle pertinente ? Peut-on dire a chacun sa vérité 1ère partie : Portrait de la vérité La vérité, définie par veritas est adequatio rei et intellectus, est l'accord entre le jugement qui affirme telle ou telle chose et la réalité qui est ou n'est pas telle que nous le déclarons. La vérité est quelque chose qui se recherche, et la démarche philosophique s'est souvent confondue, depuis Platon, avec cette quête de la vérité. [...]
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