Dans le cas des techniques, il semble que le proverbe « c'est l'intention qui compte » n'ait pas cours, tant il est vrai qu'on peut faire de mauvaises choses pour de bonnes raisons... Si la valeur de la technique dépend des intentions de ceux qui l'utilisent, alors la technique n'est qu'un moyen, et la responsabilité des désastres - humains et écologiques - qu'elle peut provoquer incombe à ceux qui l'utilisent à mauvais escient (quête du profit, volonté de puissance, vengeance...). Dans le cas contraire, si l'on admet que les techniques, mêmes quand elles sont utilisées avec les meilleures intentions, ont parfois des répercussions négatives qui nous échappent, on est en droit de se poser cette question : si la valeur des techniques ne dépend pas des intentions de ceux qui les utilisent, alors de quoi dépend-t-elle ?
[...] Les implications soulevées par une telle question sont donc d'ordre moral, elles aussi. En effet, si la valeur de la technique dépend des intentions de ceux qui l'utilisent, alors la technique n'est qu'un moyen, et la responsabilité des désastres humains et écologiques - qu'elle peut provoquer incombe à ceux qui l'utilisent à mauvais escient (quête du profit, volonté de puissance, vengeance Dans le cas contraire, si l'on admet que les techniques, mêmes quand elles sont utilisées avec les meilleures intentions, ont parfois des répercussions négatives qui nous échappent, on est en droit de se poser cette question : si la valeur des techniques ne dépend pas des intentions de ceux qui les utilisent, alors de quoi dépend-t-elle ? [...]
[...] A leurs yeux, la valeur ou plutôt la raison d'être de la technique, est d'être développée quoiqu'il arrive. Cependant, bien que pertinente, cette idée est contestable En effet, on sait que le progrès est bien souvent facteur de pollution, de désastres, tant pour l'environnement que pour l'Humanité, quand ce n'est pas les deux à la fois. Que l'on songe à l'explosion de la centrale de Tchernobyl : quel mal y avait-il à doter les foyers ukrainiens d'électricité ? Pas le moindre. [...]
[...] La valeur de la technique ne dépend pas de l'intention dont l'a investi son créateur, et, on l'a vu, elle ne dépend pas non plus des intentions de ceux qui l'utilise - et c'est d'autant plus vrai quand elle n'est pas complètement maîtrisée Il semblerait que nous cherchions la valeur des techniques beaucoup trop en amont En effet, celle-ci pourrait tout simplement dépendre des conséquences que les techniques peuvent entraîner sur l'Humanité et l'environnement. Le théorème de la causalité veut que chaque chose ait une cause et un effet. La valeur de la technique n'est pas à rechercher dans la cause de son utilisation, mais dans l'effet de cette même utilisation (on ne pourrait donc la juger que postérieurement à son utilisation). A la lumière de cette découverte, nous comprenons que ce n'est qu'en analysant les contrecoups des techniques, à plus ou moins long terme, qu'on peut les juger. [...]
[...] On repensera à l'un des principes responsabilité de Jonas : Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d'une vie authentiquement humaine sur Terre. Etant entendu que l'utilisation de la technique pourrait menacer l'humanité, nous devons tout faire pour ne pas détruire l'homme et la nature, et ne jamais utiliser les techniques sans penser à leurs conséquences à long terme. Dans l'avenir, on peut, tel Hegel, rêver d'une humanité éclairée, raisonnable et savante, qui saura utiliser les techniques à bon escient, ayant toujours à l'esprit la vie des générations futures. [...]
[...] Tout aussi absurde serait ce comportement plus fréquent qu'on ne le croit visant à rejeter la technique comme telle, en la tenant pour responsable des dégâts qu'elle peut causer. Dans son Discours sur les sciences et les arts, Rousseau émettait une critique virulente envers les arts, entendus au sens de techniques. Cependant, nous l'avons vu plus haut, la technique elle- même ne peut être considérée comme maléfique. D'autant qu'en libérant l'homme du travail, elle a fait naître le chômage, certes, mais aussi une société de loisirs et a entraîné une très nette amélioration du niveau de vie. [...]
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