Commentaire d'un extrait de l'Ethique de Spinoza, sur le plaisir et la sagesse.
[...] Le sage doit se servir des objets en accord avec sa nature afin d'augmenter sa puissance d'agir, sans faire de tort à autrui ou à soi même. Il faut en effet savoir se modérer, user des choses avec mesure, ne pas aller "jusqu'au dégoût", ce qui suppose une connaissance de soi puisqu'il faut savoir jusqu'où aller dans la satisfaction de ses désirs. Tous les plaisirs sont naturels. Seul n'est pas naturel l'excès de plaisir. Combler ces différents plaisirs demandés par le corps concourt à la perfection du tout de notre corps : notre puissance ne peut être totale que si notre corps est comblé. [...]
[...] Seule une créature moins parfaite que Dieu peut prendre plaisir au déplaisir d'autrui. Aussi évoque t-il un autre péché capital, l'envie, pour stigmatiser ceux qui prônent cette conception de la sagesse. L'envieux éprouve du plaisir à la vue des passions tristes, et de la tristesse à la vue des passions joyeuses, chez autrui, c'est-à-dire transmuter les valeurs. Dans le 2nd Spinoza va développer sa thèse, à savoir que non seulement le plaisir n'est pas en contradiction avec la nature divine, mais plus nous prenons de plaisir, plus nous participons à la nature divine car notre perfection est augmentée. [...]
[...] Spinoza juge sévèrement cette conception selon laquelle, il faudrait vivre dans la tristesse. Pour lui, personne, pas même un être suprême, ne peut recommander cette conception puisqu'en éprouvant de la tristesse, on s'éloigne de notre puissance d'agir, on devient "impuissant", on n'agit pas selon notre nature. Dieu ne peut pas prendre plaisir à mon absence de plaisir. Ce serait avoir une fausse image de lui, une conception dégradante de la divinité qui est forcément omnisciente, toute puissante et parfaite. Au passage, Spinoza dénonce le fait que l'on associe le rire à la figure du diable, et l'élève contre le préjugé finaliste qui nous fait concevoir l'action de Dieu sur le mode de l'action humaine. [...]
[...] Car le rire, tout comme la plaisanterie, est une pure joie ; et par suite, à condition qu'il ne soit pas excessif, il est bon par lui-même (selon la proposition 41). Et ce n'est certes qu'une sauvage et triste superstition qui interdit de prendre du plaisir. Car, en quoi convient-il mieux d'apaiser la faim et la soif que de chasser la mélancolie ? Tels sont mon argument et ma conviction. Aucune divinité, ni personne d'autre que l'envieux ne prend plaisir à mon impuissance et à ma peine et ne nous tient pour vertu les larmes, les sanglots, la crainte, etc., qui sont signes d'une âme impuissante. [...]
[...] Un besoin est un manque, donc une imperfection. Conclusion Le plaisir n'est pas en soi répréhensible, il faut le rechercher comme un bien car il nous rend plus puissant, plus parfait et plus sage. Etre sage ce n'est pas rejeter les plaisirs comme le font les religions du Livre, mais c'est prendre du plaisir en usant des choses avec modération. L'idéal de vie prôné par Spinoza est raisonnable, non seulement au sens de modéré, mais aussi au sens de fondé en raison. [...]
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