Le sujet « Le soleil se lèvera-t-il demain ? » nous surprend à la 1ère lecture. Cela nous semble en effet une évidence, une certitude. Or, la formulation interrogative de notre énoncé indique que cela ne va peut-être pas de soi. Il se pourrait même que nous ne puissions jamais être sûrs que le soleil se lèvera demain, c'est en tout cas ce que Hume s'engage à montrer dans l'Enquête sur l'entendement humain, texte auquel se réfère notre sujet. Le problème vient du fait que lorsque nous disons « le soleil se lèvera demain », nous sous-entendons : « comme le soleil s'est levé jusqu'à présent, alors il se lèvera demain». Pourquoi en effet n'en ferait-il pas autant ? Nous croyons que ce que nous avons observé jusqu'à présent, continuera à se produire. Mais la conformité du futur au passé n'est qu'une supposition : nous ne pouvons jamais vraiment savoir ce que l'avenir nous réserve. Or c'est justement sur cette supposition que s'appuient nos conditions expérimentales. En effet, comme les lois qui sont tirées à partir de l'expérience ne peuvent pas être universelles, étant donné que l'expérience n'est qu'un cas particulier, toutes nos conditions expérimentales procèdent de la supposition que le futur sera comme le passé, que les phénomènes que nous avons observés se répèteront, car cela ne servirait à rien d'établir des lois seulement valables pour des cas particuliers. Mais le propre d'une supposition c'est justement de ne pas être prouvée. Ainsi, il ne semble pas impossible, dans l'absolu, que le soleil ne se lève pas demain. En effet comment le passé peut-il se faire la règle pour le futur ? Qu'est-ce qui nous garantit que notre attente ne sera pas déçue ? Autrement dit, qu'est-ce qui peut me permettre d'affirmer que le soleil se lèvera demain, que ce qui a eu lieu jusqu'à présent se répétera ? (...)
[...] La science suppose la formation de concepts a priori par l'entendement. L'entendement va au devant des choses telles qu'elles se présentent dans l'expérience et les détermine à partir de ses concepts a priori aussi appelés catégories. Le concept de cause n'est pas tiré de l'expérience mais de l'esprit qui organise l'expérience et permet de la connaître : si nous repérons dans la nature des causes et des effets, et non une succession chaotique de phénomènes, c'est que nous savons a priori que tout événement a une cause Le fondement de la science n'est donc pas à trouver dans l'expérience mais dans l'esprit. [...]
[...] La proposition le soleil se lèvera demain a en effet le même caractère que la loi l'eau bout à 100° Comment pouvons-nous être sûrs, qu'à chaque fois que nous porterons l'eau à elle se mettra à bouillir, de même que le soleil se lèvera tous les matins ? En quoi sommes-nous assurés de la répétition de l'événement ? On peut ainsi voir que l'expérience a des limites : Les raisonnements qui sont fondés à partir d'elle sont inductifs, cad qu'ils énoncent des lois générales à partir de cas particuliers. Ces lois générales ne sont en aucun cas nécessaires : elles peuvent ne pas être. Rien de m'assure que les phénomènes que j'ai observés dans le passé se reproduiront. [...]
[...] Si l'expérience ne nous permet pas d'affirmer que le soleil se lèvera demain, le sujet, lui, en est capable. Hume L'exemple du soleil apparaît dans l'Enquête sur l'entendement humain, au début de la IVème section, intitulée doutes sceptiques touchant les opérations de l'entendement il s'insère dans tout un raisonnement. Je vais donc résumer brièvement ce qui l'auteur a montré avant pour comprendre le cheminement de la pensée de l'auteur. Dans ce livre, Hume cherche à déterminer avec précision les pouvoirs et les limites de l'exercice de l'entendement. [...]
[...] L'universalité ne peut pas non plus être tirée de l'expérience car celle-ci n'est qu'un cas particulier. L'universalité est donc elle aussi un concept a priori. Tout changement doit avoir une cause est donc bien un jugement nécessaire et universel à priori. Or Hume fait perdre cette nécessité et cette universalité propres au concept de cause en le faisant dériver d'une association fréquente de ce qui arrive avec ce qui précède et d'une habitude qui en résulte de lier deux phénomènes (on a donc une nécessité simplement subjective). Kant n'est donc pas d'accord avec Hume. [...]
[...] Car Si toute connaissance débute avec l'expérience, cela ne prouve pas qu'elle dérive toute de l'expérience (début de l'introduction à la 2ème édition). Si l'expérience est une condition nécessaire à la science, ce n'est pas une condition suffisante. C'est ce qu'on va voir. L'empirisme est critiqué par Kant dans la mesure où il fait de l'expérience l'unique source de nos connaissances. Or l'expérience permet seulement d'établir par induction des vérités générales sans aucune universalité et pour Kant, les lois de la nature sont nécessaires et universelles, elles ne peuvent donc pas être tirées de l'expérience. [...]
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