L'expérience de la prise de conscience de soi est à la fois la plus banale, nous la faisons chaque matin au réveil, et la plus fondamentale puisqu'elle permet à l'homme de marquer ce qui le distingue de l'animal. Et pourtant cette expérience semble vide de tout contenu particulier ; j'ai bien conscience que je suis, mais il m'est difficile d'ajouter quelque qualitatif que ce soit à cet état. La conscience de soi est une expérience à la fois immédiate et opaque : elle ne me permet pas d'affirmer quoique ce soit à propos de mon identité propre. Tout au plus pouvons-nous exprimer ce que nous ressentons. Si donc je ne peux rien affirmer de moi à travers ma conscience, suis-je ce que j'ai conscience d'être ? (...)
[...] Ne faut-il pas alors admettre l'idée selon laquelle la conscience de soi ne nous dit rien sur la nature de ce soi ? Que nous sommes d'une certaine manière étrangers à nous-même ? 4 L'éclatement de la conscience. Nous sommes en effet partis du présupposé selon lequel la conscience a pour objet elle-même dans le cadre de la conscience de soi. Or si il est vrai que nous pouvons faire l'expérience d'un tel retour sur nous-même, il n'en est pas moins vrai que l'expérience commune que nous avons de la conscience n'est pas celle-ci. [...]
[...] Si, dans une crise de folie explicable par des mécanismes inconscients, j'agresse quelqu'un, suis-je moins coupable ? Alain nous invite donc à voir l'hypothèse freudienne pour ce qu'elle est : une hypothèse qui explique peut-être le psychisme humain, mais ne remet pas en cause la notion morale du sujet. L'homme est obscur à lui-même ; cela est à savoir. Seulement il faut éviter ici plusieurs erreurs que fonde le terme inconscient. La plus grave de ces erreurs est de croire que l'inconscient est un autre Moi ; un Moi qui a ses préjugés, ses passions et ses ruses ; une sorte de mauvais ange, diabolique conseiller. [...]
[...] Nous savons bien que nous sommes, mais ce que nous sommes n'est jamais isolé de ce que nous vivons parce que la conscience semble bien d'abord tournée vers l'extérieur. Mais plus encore, la conscience est-elle en mesure de nous dire tout ce qu'il se passe en elle ? Ou bien devons-nous admettre qu'elle demeure toujours étrangère à elle-même ? 3. L'hypothèse de l'inconscient. La justification de l'hypothèse. Avec Freud, l'inconscient change de statut, et c'est en ce sens que sa découverte a été révolutionnaire. [...]
[...] Mais que nous apprend alors la conscience de nous-même ? L'expérience du cogito Le mouvement par lequel chacun d'entre nous prend conscience de lui-même et le formule en disant je suis est à la fois particulier propre à chacun- et universel puisque chacun d'entre nous le fait. Or c'est là peut-être la première expérience fondamentale par laquelle nous inscrivons notre rapport au monde : la découverte du je suis est une affirmation d'existence pure qui relève de l'évidence, de l'indubitable. [...]
[...] 1 Suis-je ce que j'ai conscience d'être ? L'expérience de la prise de conscience de soi est à la fois la plus banale, nous la faisons chaque matin au réveil, et la plus fondamentale puisqu'elle permet à l'homme de marquer ce qui le distingue de l'animal. Et pourtant cette expérience semble vide de tout contenu particulier : j'ai bien conscience que je suis, mais il m'est difficile d'ajouter quelque qualificatif que ce soit à cet état. La conscience de soi est une expérience à la fois immédiate et opaque : elle ne me permet pas d'affirmer quoique ce soit à propos de mon identité propre. [...]
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