L'apparition de la vérité strictement scientifique crée dans l'Histoire un véritable retentissement : tout le monde connaît aujourd'hui les mésaventures de Galilée qui avait osé s'opposer à la vérité religieuse, en révélant par des calculs que le Soleil ne tournait pas autour de la Terre mais l'inverse.
De même, la remarque de Copernic selon laquelle la Terre était ronde et non plate, comme l'affirmait l'Église, avait été le sujet d'un procès retentissant. Placer la raison au dessus de tout, mettre de côté les croyances s'est au fur et à mesure imposé à la fois dans le milieu scientifique et philosophique (...)
[...] Au nom de la vérité, est-ce que je peux tout faire, au point d'oublier mes valeurs ? Indéniablement nous portons toujours un jugement de valeurs sur la vérité scientifique. L'éthique a tendance à fustiger la science dans sa quête de vérité. C'est au nom des valeurs que l'on condamne parfois la vivisection (expérience sur les animaux) et l'observation de cadavres humains est sujet à de nombreux débats moraux qui se placent donc du côté des valeurs. On ne compte plus les pétitions pour faire cesser l'exploitation des animaux par la science dans sa quête de nouvelles découvertes scientifiques. [...]
[...] : La vérité exige le sacrifice des autres valeurs. Si l'on justifie la mise de côté des valeurs dans le domaine de la vérité scientifique c'est parce que La science doit oublier l'étant comme l'affirmait Heidegger et si elle doit procéder ainsi c'est bien parce que dés lors que la science touche et pénètre le domaine moral, des valeurs, elle est pervertie. Telle est la conception de Max Weber qu'il explique de cette manière : lorsque la science émet un jugement de valeurs, elle n'est plus simplement une science : elle entre dans le politique, la propagande : Les mots que l'on emploie ne sont pas alors des moyens d'analyse scientifique, mais des moyens de la propagande politique sollicitant la prise de position des autres. [...]
[...] Dés lors que le scientifique intervient avec un jugement de valeurs, sans se laisser submerger finalement par la chose (en ayant un a priori, une idée reçue), il ne peut plus atteindre cette chose de façon totale, de sorte qu'il y a une perte de vérité. Science-vérité d'un côté, valeurs de l'autre. Voilà comment le savant doit se placer. Ne rien exprimer, garder une perpétuelle neutralité dans son métier, exposer les moyens mais ne pas dire quel moyen choisir plutôt qu'un autre. Dés lors que le savant place un jugement de valeurs, il devient politique. Il passe de la pensée à l'action. [...]
[...] La science n'est pas là pour donner la vérité des êtres et c'est donc les valeurs qui vont se substituer à la vérité. La vérité de l'homme, c'est finalement ses valeurs. En effet, puisque la science ne nous permet pas de connaître la vérité de l'homme, alors il reste la volonté qui pose les valeurs de l'homme. Les valeurs n'appartiennent pas à la vérité mais elles sont le reflet de l'homme. Elles sont sans doute celles qui en disent le plus sur lui. Les valeurs se sont finalement les seules choses que l'homme laissent à voir de sa vérité profonde. [...]
[...] Par ailleurs, dans la quête de vérité, les valeurs ont aussi leur mot à dire. L'éthique doit empêcher que la science au nom de la vérité se permettent toute puissance et devienne contraire aux valeurs de la société qui l'entretient. On est en droit aussi de s'interroger sur le lien entre la science, la vérité et l'homme, la vie. C'est-à-dire qu'il s'agit de se demander si la science est capable de nous donner une vérité sur l'homme et la vie ? [...]
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