Commentaire du texte philosophique de Jean-Jacques Rousseau sur le thème de l'amour, tiré de "Emile ou de l'Education" : "Le penchant de l'instinct est indéterminé. Un sexe est attiré vers l'autre, voilà le mouvement de la nature". L'amour procède-t-il de l'instinct ou bien d'un jugement de la raison ? Rousseau, dans son extrait, analyse ce qu'est l'amour.
[...] Ces jugements se font bien à notre insu, de manière inconsciente. Et, cela rejoint l'idée précédente des préjugés qui sont des jugements non réfléchis. Sur ce point, Rousseau est en accord avec Freud dans la mesure où nos désirs ont des racines inconscientes et sont liés à notre histoire personnelle. Mais, même s'il y a des raisons cachées à l'amour, même si l'instinct est purement naturel, l'amour ne s'y réduit pas : il entraîne la raison et apparaît comme un sentiment spécifiquement humain. [...]
[...] Le texte de Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) commençant par : Le penchant de l'instinct est indéterminé a pour thème l'amour mais va à l'encontre de cet amour passion déraisonnable. La thèse de cet extrait consiste, en effet, à soutenir que l'amour est un élément de la raison, que l'amour est loin de venir de nos penchants, de nos instincts mais qu'il contribue, au contraire, à les orienter. L'objet du texte met en évidence le rôle que joue la raison non pas dans la formation des instincts mais dans leur détermination. [...]
[...] Un sexe est attiré vers l'autre, voilà le mouvement de la nature. Le choix, les préférences, l'attachement personnel sont l'ouvrage des lumières, des préjugés, de l'habitude : il faut du temps et des connaissances pour nous rendre capables d'amour, on n'aime qu'après avoir jugé, on ne préfère qu'après avoir comparé. Ces jugements se font sans qu'on s'en aperçoive, mais ils n'en sont pas moins réels. Le véritable amour, quoi qu'on en dise, sera toujours honoré des hommes ; car, bien que ses emportements nous égarent, bien qu'il n'exclue pas du cœur qui le sent des qualités odieuses et même qu'il en produise, il en suppose pourtant toujours d'estimables sans lesquelles on serait hors d'état de le sentir. [...]
[...] La raison pour laquelle l'instinct ne porte pas sur un être déterminé est que l'instinct a pour but premier la conservation de l'espèce. Au contraire, l'amour porte sur un être déterminé et c'est sur ce point que l'amour s'oppose à l'instinct. En effet, l'amour s'il est l'attachement personnel suppose qu'il s'adresse à quelqu'un de déterminé car cela suppose un lien durable et non bref comme celui de l'instinct. Dans l'amour, celui qui est aimé a été choisi et Rousseau l'explicite clairement : Le choix, les préférences Or, si l'on parle de choix on fait allusion à la liberté et cela va à l'encontre de l'instinct qui impose une union contrainte par le hasard des rencontres. [...]
[...] L'originalité de l'analyse de Rousseau consiste à rejeter la critique des moralistes qui opposent raison et amour. Rousseau démontre, au contraire, qu'il y a une union entre la passion amoureuse et la raison. L'analyse de Rousseau sur l'amour pourrait se rapprocher du célèbre dialogue de Socrate avec Diotime où tous les niveaux de l'amour sont discutés. De l'amour, Diotime dira : l'amour n'est ni un être mortel ni un être divin mais un être démonique, un intermédiaire entre le mortel et l'immortel Texte : Le penchant de l'instinct est indéterminé. [...]
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