Si le XVIIe siècle, siècle des Lumières, assure de manière universelle le règne de ceux que l'on appelle les « philosophes » et invente la figure de l'intellectuel, la quête d'un nouvel humanisme est aujourd'hui, semble-t-il, à nouveau au goût du jour. Ainsi, le récent engouement pour la philosophie, tel qu'il ressort du succès d'un ouvrage comme Le monde de Sophie, semble démontrer que, contrairement à une idée répandue dans les cours de lycée, la philosophie servirait à quelque chose... La quête de débats, le besoin tant de poser des questions que d'entendre des réponses et de participer à leur élaboration traduisent un besoin de dialogue que le monde politique ne peut malheureusement pas suffisamment offrir. Cause ou effet, les forums sur Internet ou le développement des cafés philo et des émissions de télévision de vulgarisation montrent que la philosophie permet à la fois de centrer les débats et de formuler des réponses (...)
[...] L'oeuvre de Paul Ricoeur, tout comme celle de Michel Henry, soulève un autre problème (abordé par Le tournant théologique de la phénoménologie française, ouvrage polémique de Dominique Janicaud paru en 1991) : à l'exception au moins de l'oeuvre de Merleau-Ponty, une large part de la phénoménologie française s'est trouvée voisine d'orientations religieuses, catholiques et protestantes. La phénoménologie semble ainsi permettre un lien entre philosophie et discours de la foi. Sur le fond, un tel débat engage l'histoire même de la métaphysique occidentale, la longue dominance, à partir de l'âge des Lumières, d'une philosophie consubstantielle à la proclamation d'athéisme, jusqu'à ce que le mot de Nietzsche Dieu est mort vienne paradoxalement réveiller un malaise enfoui. De ce point de vue, les orientations respectives d'Emmanuel Levinas, Paul Ricoeur et Michel Henry donnent à réfléchir. [...]
[...] L'impatience des âmes n'est pas ici un argument, on ne sert pas les âmes par l'à-peu-près et l'imposture La démocratisation de la réflexion, la publicité de la raison selon les termes de Kant ne doivent pas être l'occasion du retour d'une philosophie satisfaite, bien-pensante et dépourvue de style et de finesse. Il faut en effet se rappeler, comme le soulignait Jankélévitch, que la noblesse de la philosophie, c'est de ne servir à rien. La philo sophia est aujourd'hui, de fait, en passe de renouer avec les plus hautes ambitions qui l'ont fait naître, avec cet amour de la sagesse qui lui a donné son nom. [...]
[...] Elle exclut les à-peu-près et les ingérences métaphoriques de la scolastique. Mais elle ne se contente pas de ces apports positifs, elle fonde la science nouvelle et la méthode du libre examen sur une conception du monde argumentée, qui vise à réfuter les théories de l'Être issues de la pensée d'Aristote Au centre de cette conception, le Je pense (cogito) comme vérité incontestable s'imposant comme évidence. Descartes en déduit, par un raisonnement qui a la rigueur de celui des géomètres, qu'existent Dieu (la substance infinie et créatrice), l'Esprit (dont l'essence est la pensée pure) et la Matière (dont l'essence est l'étendue), qui sont absolument séparés et dès lors font l'objet de deux savoirs distincts : la métaphysique, savoir du sujet pensant, qui, à son tour, fonde la physique, science de la matière, dont le développement ne tardera pas à rendre l'homme maître et possesseur de la nature En dépit de l'opposition des universités (où dominent la scolastique) et des Églises, le cartésianisme connaît très rapidement une audience considérable. [...]
[...] Tout en s'interrogeant sur le véritable travail philosophique qui peut se faire dans les cafés philo, ils défendent l'initiation rigoureuse à cette matière. Luc Ferry souligne ainsi qu'il n'est tout simple ment pas vrai qu'il est possible, sur toute chose, de penser spontanément par soi-même. Faux également de prétendre qu'il n'y a rien à savoir en philosophie. Pour parvenir à l'autonomie intellectuelle, il faut réunir au moins deux conditions : l'esprit critique et une connaissance En temps de crise, la philosophie peut sans doute apporter des réponses. [...]
[...] Deux philosophes exercent une influence déterminante dans l'entre-deux-guerres : Alain et Emmanuel Mounier. Philosophe du radicalisme républicain, Alain développe à travers une activité de journaliste et de professeur, et en dehors de tout esprit de système, une théorie intellectualiste et volontariste de l'être humain et se dresse contre toutes les tyrannies. Emmanuel Mounier, qui se réclame de Jacques Maritain (1882-1973) et de Charles Péguy (1873-1914), fonde en 1932 la revue Esprit. En développant la doctrine personnaliste, il s'oppose à l'individualisme bourgeois et tente une synthèse du socialisme et du christianisme. [...]
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