Il faut remarquer que ce sentiment religieux semble porteur d'une certaine rationalité, en ce qu'il donne à entendre qu'une organisation du monde existe, au-delà de ce que nous pouvons en percevoir : il nous permet d'accéder aux origines, à l'ordre et à la destination, il permet à l'homme de se situer dans l'ordre de la nature ou de la création.
C'est ce que l'on retrouve par exemple dans la religion naturelle (chez les penseurs des Lumières, comme chez Rousseau, par ex.), qui envisage la connaissance de Dieu indépendamment de toute révélation, par les seuls pouvoirs de la conscience et de la réflexion (...)
[...] L'étymologie du mot religion peut se rencontrer dans le latin relegere, qui se traduirait par relire ou par revoir soigneusement et attentivement, considérer respectueusement et consciencieusement, et qui pourrait définir cette attitude propre au sacré, que l'on retrouve comme la caractéristique constante de tous les croyants, même s'ils n'obéissent pas au même culte et ne pratiquent pas les mêmes rites. Mais une autre étymologie peut être soulignée qui rapproche la religion du terme latin religare, signifie relier, attacher, assembler. En ce sens, elle évoquera le lien qui unit les hommes et les femmes (même les chiens si on va de là) à cette transcendance, mais également le lien des hommes entre eux : un lien qui serait non seulement vertical et fort, mais également horizontal. [...]
[...] En France, par exemple, la monarchie était de droit divin ; on a longtemps considéré que tout pouvoir venant de Dieu, désobéir au puissant venait à désobéir à Dieu. De même on peut penser, avec Kant que l'idée de Dieu est nécessaire sur le plan moral, alors même qu'elle peut être vécue comme une certitude sur le plan subjectif et personnel, dans la Foi. En ce sens, la religion peut être conçue comme la quête d'une attitude de plus en plus morale. [...]
[...] Ainsi, la religion appartient à notre héritage d'humains, héritage historique, lié à la culture. Il nous serait impossible d'interpréter les signes rupestres sans évoquer le sens du sacré, pas plus que l'on ne comprendra une grande partie de l'expression artistique du passé sans référence au symbolisme religieux. Il faudrait alors peut être se demander si cela aurait un sens d'être Homme et de ne pas être religieux ? Ou de se demander si une société pourrait se passer de religion. [...]
[...] Il y a en effet, dans toutes les religions, au-delà de ce qui les différencie, l'approche d'une vérité universelle au travers de formulation culturelles diverses, nées dans des espaces et temps différents. On peut donc penser que c'est dans la religion qu'un homme se construit comme homme, en ce qu'il participe à sa manière à l'humanité. [...]
[...] Cette religion est naturelle en ce qu'elle est une forme de croyance qui fait appel à la conscience, au sentiment (au cœur pourrait- on dire selon Pascal), et qui se dépouille de tout l'aspect des dogmes, des rites, et des énoncés traditionnellement codifiés par la Foi. D'autre part, cette nouvelle idée exige de faire la différence entre la lettre et l'esprit, comme le préconise P. BAYLE, inspirateur de Lumières : il s'agit de comprendre que la superstition pouvant s'attacher à la confiance accordée au seul culte extérieur, aux reliques, ou aux images, il convient de privilégier au contraire les droits de la conscience. [...]
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