Bien penser, c'est faire preuve de méthode. Pour cela, il faut être objectif et impartial. Or si on aime, on ne peut faire preuve de neutralité. Aimer, c'est se laisser dominer par les sentiments. Mais dans quelle mesure la pensée ne peut-elle être subjective ? N'a-t-on pas toujours un avis ou un sentiment qui influence notre jugement ? Nous sommes naturellement poussés à aimer. C'est un phénomène incontrôlable et imprévisible.
Pour bien penser, il faut, puisque l'amour fausse nos jugements et empêche l'exercice de la pensée, en faire abstraction. Mais comment se retenir d'aimer alors que cela est naturel ? Pourquoi faudrait-il admettre que l'amour n'a que des effets néfastes ? L'amour peut être considéré comme le moteur de la pensée plutôt que comme son frein.
Reste à déterminer si l'amour est indissociable à la pensée. Est-il nécessaire d'aimer pour bien penser ?
Peut-on être objectif quand nous aimons ? Peut-on bien penser et aimer ? La caractéristique de l'amour est la subjectivité et la définition de bien penser est l'objectivité. Ces deux termes s'opposent dans leur fonctionnement. Pour bien penser, il faut faire preuve de méthode. Or quand on aime on est aveuglé et donc on ne peut être ordonné. L'amour empêche l'exercice de la pensée. Cet exercice consiste à suspendre toute adhésion immédiate. Qu'est-ce qui empêche cette adhésion dans l'amour ? Pourquoi sommes-nous incapables d'objectivité ? Quand on aime, on n'est plus soi-même. L'amour est une adhésion spontanée à la personne. Or pour penser il ne faut pas consentir dans l'immédiat. L'amour fait qu'on valorise de façon excessive ce qui en est l'objet. On est démesuré. On a tendance à être irraisonné. On ne peut faire la part des choses, notre jugement est obscurci. L'amour empêche le cheminement de la pensée (...)
[...] Ainsi contrairement à la pensée il ne peut pas exclure. L'amour est inventif. C'est ce génie créateur, cette inventivité qui l'associe à la pensée. Platon retrace dans Le Banquet le parcours de celui qui aime. La dialectique ascendante conduite l'être qui aime un corps à sa formation. L'amour de la beauté en soi entraîne une éducation spirituelle, celle du Bildung pour lequel l'amour qui va avec la pensée est désintéressé. Il y a peu à peu une désindividualisation. C'est l'expérience d'un détachement. [...]
[...] L'amour maintient la pensée à un niveau inférieur. On ne peut exercer le doute caractéristique de la pensée. L'amour est-il le seul à empêcher de bien penser ? La pensée elle-même ne serait-elle pas responsable ? La pensée se méfie des sentiments. N'y a-t-il pas un excès de doute ? Est-ce que trop douter n'est pas nuisible ? La spécificité de la pensée est le doute mais si elle est trop exagérée, cette incertitude peut se retourner contre celui qui l'exerce. [...]
[...] Pour bien penser, faut-il ne rien aimer ? Bien penser, c'est faire preuve de méthode. Pour cela, il faut être objectif et impartial. Or si on aime, on ne peut faire preuve de neutralité. Aimer, c'est se laisser dominer par les sentiments. Mais dans quelle mesure la pensée ne peut-elle être subjective ? N'a-t-on pas toujours un avis ou un sentiment qui influence notre jugement ? Nous sommes naturellement poussés à aimer. C'est un phénomène incontrôlable et imprévisible. Pour bien penser, il faut, puisque l'amour fausse nos jugements et empêche l'exercice de la pensée, en faire abstraction. [...]
[...] On peut dire que pour bien penser, il faut aimer puisqu'aimer nous transcende. Tout est question de juste milieu si on pense trop ou si on aime trop à en être aveugle, on ne peut bien penser. Du moment qu'il y a équilibre, on se rend compte que l'amour et la pensée sont indissociables. Aimer permet de partager, donc d'ouvrir de nouveaux horizons à la pensée. C'est aussi un moyen de parvenir à la vérité en sorte qu'il est une caractéristique de la philosophie. [...]
[...] Platon explique dans Le Banquet que quand celui qui aime verra la beauté par le moyen de ce qui la rend visible, il sera en mesure d'enfanter non point des images de la vertu, car ce n'est pas une image qu'il touche, mais des réalités véritables, car c'est la vérité qu'il touche. En effet, l'amour est au début l'amour d'un corps, puis il devient l'amour de la beauté des corps, et enfin il fait abstraction de la beauté des corps pour aimer la beauté de l'âme et pour parvenir à la beauté en soi. C'est en arrivant à la beauté en tant que telle qu'il parvient à la vérité. Quel est le but de cette ascension ? L'amour ne sert-il qu'à découvrir la vérité ? [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture