On oppose généralement la connaissance à l'expérience, dans le sens ou la première apparaît comme un ensemble théorique lorsque la seconde appartient au domaine de la pratique. Cependant, il semble difficile de séparer ces deux ensembles instructifs (...)
[...] On a pourtant tendance à privilégier la pratique, en répétant sans cesse qu'il faut se faire sa propre expérience. Dès lors, en quoi est-ce si primordial d'« avoir de l'expérience ? Tout d'abord, l'expérience est le lieu de l'action, bien qu'elle apparaisse généralement d'une façon passive chez chaque individu. En effet, si je glisse sur de la glace et tombe, j'acquiers dès lors une connaissance pratique, passivement, cependant si à l'avenir, j'évite la plaque de verglas, alors je l'aurais acquise activement. [...]
[...] Dès lors, cette conclusion me fait éprouver deux sentiments : le premier est celui de la frustration, car toute expérience en demeurera incomplète (lorsque la seconde fois j'éviterais le verglas, peut-être que la couche de glace aurait été trop faible pour me faire glisser), le second est celui de l'envie car il me sera toujours possible de faire de nouvelles expériences [Le véritable philosophe] sent peser sur lui le fardeau et le devoir des cents tentatives, des cent tentations de sa vie Nietzsche). Enfin, il restera une expérience dont nous ne pourrons jamais faire acte de connaissance : celle de la mort. Ainsi, avoir de l'expérience est une action qui ne pourra jamais être aboutie, mais perpétuellement recommencée. Une interrogation subsiste malgré tout : pourquoi avoir de l'expérience et non pas être ? [...]
[...] Acteur dans le sens ou chaque épreuve de la vie quotidienne enclenche un processus réflexif au sujet des mobiles (pourquoi fais-je ceci plutôt que cela ? suis-je toujours conscient des mobiles qui me poussent à agir au sujet des conséquences de mes actes (dans quelle mesure sont- elles prévisibles ? jusqu'à quel point en suis-je responsable de mon droit à agir de telle ou telle manière (quel est mon devoir Être porteur de ces questions-là, c'est renoncer définitivement à s'en remettre à l'instinct ou même au seul désir pour régler nôtre conduite. [...]
[...] En effet, le verbe avoir sous- entendrai que l'expérience est une possession au même titre qu'une autre, comme une chose extérieure à moi et sur laquelle j'ai prise. Cependant, l'expérience nous construit, elle entre directement dans nôtre identité (si j'ai fait l'expérience du meurtre, je suis un meurtrier) et je n'ai prise sur elle qu'indirectement, par l'intermédiaire de la mémoire (par exemple du réflexe). En effet, l'expérience n'est pas une partie de l'homme mais la façon humaine d'exister dans le monde, de vivre, d'être. [...]
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