Les notions de raison et de désir ne sont pas forcément incompatibles car tous les désirs ne sont pas préjudiciables : certains sont naturels, d'autres positifs, de même que tous ne vont pas nécessairement à l'encontre de notre libre-arbitre. Il semblerait aussi que la raison ne soit pas toujours le seul motif qui pousse certains hommes à renoncer à leurs désirs. Peut-on distinguer des désirs négatifs, bruts, de désirs positifs, moteurs ?
[...] On l'a vu, l'homme qui est esclave de ses désirs corporels subit, pâtit. Il doit sans cesse donner satisfaction à ses désirs (on repense à la métaphore des tonneaux percés de Platon Dès lors, renoncer aux désirs et aux passions qui agissent en nous à l'insu de notre conscience et de notre volonté, et en cela, nous détermine, ce serait s'autodéterminer, et faire une avancée dans la conquête de notre liberté. D'autant que certains désirs, comme le désir d'immortalité, par exemple, ne peuvent être comblés, et chercher à leur donner satisfaction revient à se lancer dans des quêtes perdues d'avance. [...]
[...] Celui qui veut renoncer à ses désirs désire déjà quelque chose. On l'aura compris : l'essence de l'homme est de désirer. C'est une tendance indissociable de la nature humaine. En partant de là, est-il vraiment raisonnable d'essayer d'aller à l'encontre de son essence ? Au contraire, il faudrait développer son essence, et désirer des connaissances véritables Spinoza pensait que nous sommes déterminés à désirer, il ne faut donc pas brimer nos désirs naturels mais les suivre conformément à notre raison. [...]
[...] Il est des choses que nous désirons mais nous ignorons pourquoi, cela ne relève pas d'un choix personnel. Le désir amoureux, par exemple, est souvent poussé par des motivations qui nous demeurent cachées (on aime souvent sans savoir pourquoi). Comme le dit le vieil adage : le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas Certains de nos désirs sont influencés par des mécanismes secrets qui nous déterminent inconsciemment. La publicité, par exemple, fait naître en nous des désirs souvent superflus. [...]
[...] Si à première vue, le désir, défini comme un appétit qui peut engendrer la violence et la servitude, semble s'opposer à la raison, une analyse plus profonde de sa nature révèle cependant que le désir ne s'oppose pas forcément au bonheur et à la volonté, mais qu'au contraire, il est une condition indispensable à la possibilité d'évolution, de liberté, de bonheur et de raison. Pourquoi chercher à renoncer à ce qui est aussi une force motrice, une énergie, mais surtout, comment renoncer à ce qui est l'essence même de l'homme ? Il semble en effet impossible de renoncer totalement à nos désirs. [...]
[...] Tous les désirs ne sont pas préjudiciables, certains sont naturels, d'autres positifs, de même que tous ne vont pas nécessairement à l'encontre de notre libre-arbitre. Enfin, il semblerait que la raison ne soit pas toujours le seul motif qui pousse certains hommes à renoncer à leurs désirs L'enjeu d'une telle question est le suivant : la raison exclut-elle nécessairement tout désir ? Car comment avoir des raisons de vivre et d'agir sans le désir ? Ne pourrions-nous pas aller jusqu'à dire que, d'une certaine manière, le désir relève de la raison ? Les désirs sont souvent source de problèmes. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture