Quelle est la force de la preuve contre le préjugé ? Dans quoi s'enracinent nos préjugés ? Comment pourrait-on donner à la preuve la force de persuasion du préjugé ?
[...] Que peut une preuve face à un préjugé ? Introduction Une preuve peut se définir comme étant une démarche, une procédure qui amène l'esprit à admettre la vérité d'une affirmation tandis qu'un préjugé est, selon Alain dans les Arts et les Dieux, ce qui est jugé d'avance, c'est-à-dire avant qu'on se soit instruit Face à ces définitions, il semble qu'on ne peut que s'incliner devant une preuve. Elle est le fruit d'un raisonnement, d'une instruction et de recherches, tandis que le préjugé ne s'appuie sur rien, si ce n'est de vagues impressions qui n'ont pas la solidité des fondements de la preuve. [...]
[...] Convaincre et persuader A. Le préjugé, fruit de la paresse et de la lâcheté Le préjugé renvoie donc à un mauvais usage de la raison, à une raison mal éduquée. Comme l'a montré Descartes, la gravité du préjugé tient au fait qu'il engage la liberté du sujet. Avoir des préjugés, c'est être asservi, être soumis à la pensée d'autrui. Kant, dans son texte Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée? , fait une distinction entre deux états : la minorité et la majorité. [...]
[...] D'où vient la force des préjugés ? Pourtant, tout n'est pas si facile. En effet, nous entendons souvent l'expression «raison de plus qui sous-entend qu'une preuve s'est révélée impuissante face à un préjugé. Pire : elle a même renforcé et cautionné ce préjugé. Bien qu'un individu ait été exposé à une preuve, il reste indifférent devant elle. La question est donc de savoir d'où vient la force des préjugés. Pour Descartes, le préjugé est toujours lié à la précipitation qui n'est pas simplement de l'inattention car si tel était le cas, l'acquisition de connaissances suffirait à dissiper le préjugé. [...]
[...] Une vérité formelle, logique, fondée sur des critères internes à l'esprit (par exemple les vérités mathématiques) mais aussi une vérité de fait, matérielle qui est fondée sur un souci d'adéquation, souci de conformité du discours aux choses, de l'esprit au réel. Si la preuve a une capacité de conviction supérieure au préjugé, c'est non seulement parce qu'elle s'appuie sur un raisonnement rigoureux. C'est surtout parce qu'elle mobilise des arguments qui nous confrontent à la réalité. Si la preuve a le bénéfice de nous confronter à la réalité, il est aussi vrai que souvent cette vérité nous ne voulons pas la voir en face. Nous nous laissons nous aliéner par les préjugés ; nous nous contentons d'une apparence de rationalité. III. [...]
[...] Conclusion Ainsi, l'efficacité d'une preuve à combattre un préjugé est remise en question par ses propres limites. Pour qu'une preuve puisse être puissante face à un préjugé, il faudrait que celle-ci fasse appel à la sensibilité, aux sentiments, au cœur (donc à la persuasion), ou d'autre part, que l'individu lui-même découvre la vérité grâce à la réflexion. Intervient alors la volonté qui dispose, tandis que l'entendement propose. Car toute preuve, aussi infaillible puisse-t-elle être, restera muette face à celui qui ne veut pas l'entendre. [...]
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