Philosophie de l'art - Pouvons-nous apprendre de la fiction ? - Introduction et plan détaillé

Thèmes abordés

littérature, fiction, vérité, aspect mimétique, vérité métaphorique, Esthétique ou philosophie de l'art

Résumé du document

Les versions des théories de la « non-vérité » ont probablement plus de soutien dans la communauté critique à l'heure actuelle que les théories « pro-vérité ». Alors pourquoi revenir sur un tel terrain ? Une partie de la réponse - la partie positive - est qu'un nouveau paradigme est nécessaire, remplaçant l'axe standard vérité / monde qui domine encore le débat, pour expliquer les valeurs de la littérature et la nature de la fiction. Une autre raison - plus polémique - de reprendre le vieux débat sur la littérature et la vérité est que les arguments les plus importants actuellement avancés contre la « vérité littéraire » sont radicalement mal conçus.

Extraits

[...] Pouvons-nous apprendre de la fiction ? - Introduction et plan détaillé Introduction Ce travail se destine à traiter à la fois de la fiction et de la vérité comme possible facettes d'une même réalité, rendant ainsi possible l'apprentissage du vrai par la fiction. Il présente une théorie de la « non-vérité » de la littérature. Autrement dit, il est soutenu, entre autres, que le concept de vérité n'a pas de rôle central ou inéliminable dans la pratique critique. Il ne s'agit pas, bien sûr, de dire que les critiques ne se préoccupent pas des vrais jugements, mais seulement qu'il n'y a pas de place significative pour la vérité en tant que terme critique appliqué aux œuvres littéraires et artistiques. [...]

[...] Cela suggère un mécanisme possible expliquant comment nous pouvons apprendre des vérités empiriques directes à partir de fictions, à la fois sur des questions de fait particulières et sur des vérités universelles, voire philosophiques. Gendler appelle ce mécanisme inférentiel « le récit comme centre d'échange » : j'exporte des choses de l'histoire que vous, le conteur, avez intentionnellement et consciemment importée, en les ajoutant à mon imaginaire de la façon dont j'ajoute des connaissances acquises par le témoignage. Cela soutient les plaintes (comme celle de Rushdie concernant Slumdog Millionaire) sur les fictions qui peuvent potentiellement induire en erreur dans la mesure où elles permettent au public de déduire des faussetés en invoquant de tels principes d'exportation. [...]

[...] D'une part, ils donnent des raisons de considérer les résultats des expériences pertinentes avec sérieux; comme Graham (Graham, 2010) et Sperber (Sperber, 2010) soutiennent que nous avons aussi des mécanismes de filtrage appelés « vigilance épistémique » qui nous permettent d'être beaucoup moins crédules sur des questions qui nous importent. Ainsi, nous touchons du doigt les nuances qui animent et construisent notre débat. Afin de traiter notre question, il faudra définir clairement ce que l'on entend par vérité d'un côté, et fiction de l'autre. Ensuite, nous verrons les limites de la fiction dans l'apprentissage avant de voire ce qui rend la fiction inévitable dans n'importe quel récit. [...]

[...] Une autre raison - plus polémique - de reprendre le vieux débat sur la littérature et la vérité est que les arguments les plus importants actuellement avancés contre la « vérité littéraire » sont radicalement mal conçus. Dans la pratique critique ordinaire, nous tenons pour acquis que nous pouvons apprendre des fictions (littéraires ou visuelles), c'est-à-dire que nous pouvons acquérir de nouvelles croyances justifiées sur cette base. Ainsi, nous supposons que les fictions réalistes incluent des vérités sur les événements fictifs qui se produisent, prévus en tant que tels, et souvent soutenus par des recherches sérieuses. [...]

[...] Nous supposons également que nous pouvons acquérir la connaissance expérientielle - la connaissance de ce à quoi elle est censée ressembler; mais aussi de comment des fictions, qu'elles diffèrent ou non de la connaissance propositionnelle, peuvent renseigner sur leurs artifices. Même les fictions les plus fantastiques invitent les lecteurs à assumer des vérités - par exemple, sur la psychologie humaine dans Alice au pays des merveilles, pour donner un sens au comportement des personnages qu'elle rencontre et à ses interactions avec eux. [...]