Dissertation philosophique ayant pour problématique : « Puis-je connaître autrui ? ».
[...] Or, à quelles conditions peut-on connaître un être ? La connaissance que je pourrais me faire d'autrui est-elle identique à la connaissance possible de tout objet, sachant qu'autrui est posé comme autre sujet et non comme objet, comme semblable et non comme autre absolu ? Nous aborderons tous d'abord ce qui pousse à penser qu'il est aisé de connaître autrui. Puis nous développerons les idées qui soutiennent que la connaissance d'autrui est impossible. Enfin, nous montrerons que cette connaissance est possible mais toujours partielle, approximative. [...]
[...] Mais dès que je sors de cette semblance purement formelle (autrui est comme moi un homme), je suis renvoyé à son intériorité, ce qui est en lui et que je ne vois pas, ne sais pas : je ne sais pas ce qu'il pense exactement, ce qu'il ressent, ce qu'il vit et comment il le vit. Le dialogue serait donc toujours fragmentaire, approximatif Autrui, dans la généralité de sa notion, est semblable. La ressemblance est liée à des déterminations extérieures, évidemment toujours différentes d'un individu à l'autre, tandis que la semblance, en visant l'ordre moral, dépasse les individualités et les résout dans l'idée d'humanité, qui est l'idéal moral même. On peut dire, en définitive, que l'on peut reconnaître autrui comme un semblable, à savoir qu'on peut le poser comme tel. [...]
[...] On ne peut tout au plus que deviner, supposer, faire des hypothèses qui, par définition, ne nous livrent que des probabilités. Aussi ne peut-on jamais vraiment dire que l'on connaît autrui, mais plutôt, comme par exemple lorsque l'on devine sa tristesse par des signes que son visage manifeste, que l'on se reconnaît en lui, c'est-à-dire que l'on associe un sentiment intime, personnel, à des signes que l'on a soi-même manifesté lors de telles émotions. La seule connaissance possible d'autrui n'est donc tout au plus qu'une connaissance par analogie, une connaissance probable mais approximative. [...]
[...] De plus, en tant que semblable, autrui est tout comme moi l'objet de la morale : par cette morale, je reconnais en autrui une dignité, une sensibilité et une liberté, et le pose donc comme semblable, un être appartenant à une même communauté morale que moi. Ainsi, l'on peut dire que je peux connaître autrui car nous partageons cette semblance dans une même communauté. Mais on peut aussi admettre que malgré cette semblance, autrui est en réalité dissemblable, différent. En effet, la notion d'autrui comme alter- ego est contradictoire, paradoxale : autrui est autre (alter) et donc dissemblable, mais aussi semblable (ego = moi-même). [...]
[...] Je reconnais donc autrui comme homme, ce qui est formel, mais aussi comme différent de moi. Par exemple, la compréhensibilité réciproque qu'impliquerait cette idée de communauté est en réalité très limitée, car l'humanité est divisée par une diversité socioculturelle irréductible entre les peuples ou groupes sociaux qui constituent cette humanité : diversités des coutumes, des valeurs, barrières du langage ainsi, d'un point de vue socioculturel, on peut dire qu'autrui n'est semblable et donc aisé à connaître que dans le cadre d'une même communauté, impliquant une certaine capacité de compréhension : on peut supposer que, plus le groupe social commun est restreint, plus il est aisé de connaître autrui. [...]
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