1. Qu'est-ce que le dialogue ?
2. Quelle place - s'il y en a une - pour l'esthétique dans une politique saine ?
[...] C'est parce que j'admets la vérité que l'autre propose que j'instaure une distance en moi-même et le réel. Inversement, c'est parce que je tiens en partie de l'autre ma connaissance du réel que j'admets en même temps l'existence d'une conscience différente de la mienne. Lorsque je dialogue avec elle, cette conscience n'est pas concurrente de la mienne, mais complémentaire. C'est l'émergence de cette conscience qui permet que les plus forts ne tirent pas systématiquement intérêt de leur position en asservissant les plus faibles. [...]
[...] Or on ne peut remporter un dialogue comme un remporte un débat ou une discussion, puisque l'objet du dialogue est la recherche d'une vérité et non d'une domination, fût-elle utile à la collectivité. En cela, le dialogue cesse dès lors que le langage est utilisé comme un moyen et non comme une fin en soi. C'est la raison pour laquelle la rhétorique employée par les sophistes constituait pour Socrate une arme déloyale dans le cadre d'un échange censé être guidé par la raison. [...]
[...] Sans dialogue - c'est à dire dans un monde où les discours de vérité seraient élaborés en fonction des intérêts des individus - les hommes s'éloigneraient les uns des autres au point de ne plus disposer d'espaces communs permettant qu'il existe entre eux des interactions. Autrement dit, il n'y aurait plus pour les hommes de rapport possible au monde puisque la conception qu'ils se feraient ne distinguerait plus d'eux-mêmes. Au contraire, le dialogue comme nécessité d'admettre qu'une part de vérité se trouve chez l'autre et non chez soi permet l'émergence d'une conscience humaine, entendue comme existence en soi de l'autre par le biais d'un discours sur le réel. [...]
[...] Bibliographie : - Paulo Freire, Pédagogie des opprimés, chapitre 3 - Martin Buber, La vie en dialogue 2. Quelle place - s'il y en a une - pour l'esthétique dans une politique saine ? Pour produire des effets, le pouvoir politique doit se rendre intelligible auprès de la collectivité afin d'exercer sur elle une autorité susceptible d'influencer les comportements. C'est cette façon de se rendre perceptible que l'on nomme esthétique du politique, et qui se décline en représentations concrètes - la main de justice du roi français, l'aigle allemand, les devises, etc. [...]
[...] Or l'Histoire ne donne pas d'exemple de pouvoir politique qui n'ait pas eu recours à des symboles ou des signes du pouvoir. Ils ont bien entendu évolué au fil des siècles - Marianne, le bonnet phrygien ou la Semeuse pour la République française - mais l'esthétique du politique constitue la manifestation sensible du pouvoir, qui est par essence immatériel. Par conséquent, on voit mal comment une politique pourrait se passer d'esthétique dans le sens où elle constitue sa manifestation la plus immédiate et la plus intelligible. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture