Dissertation de Philosophie (réalisée par un professeur) traitant le sujet : "Peut-on séparer penser et parler ?" Les notions étudiées ici sont la pensée, la conscience, la parole et l'être humain. De plus, présence d'une biographie et d'une bibliographie de tous les philosophes cités (Kant, Rousseau...).
[...] Ces mots sont certes connus, ils sont dans le domaine public, sinon le passage de l'esprit du locuteur à un autre serait impossible, mais l'originalité propre de son idée, sa façon particulière de pensée ne peuvent pas être saisies tant que l'on a pas lu ou entendu tout ce qu'il a dit, tous les termes choisis, toutes les images utilisées, les niveaux de langue, tout ce qui fait ce discours ne ressemble pas à un autre. C'est bien pour cela que les expressions toutes faites, les proverbes ne renvoient pas à une pensée rationnelle. Ils ne sont pas innervés de l'intérieur d'une pensée qu'ils contribueraient à réaliser. [...]
[...] Y accorde-t-on pourtant un sens véritablement philosophique ? Rousseau voyait en lui un rapport de séduction ou d'émotion dans le fait de parler à autrui, mais cela ne contredit pas totalement le fait qu'il y ait une fonction pratique au langage. De façon plus grave, c'est un des reproches qu'adressait Socrate aux sophistes : utiliser la parole et le pseudo-dialogue pour instaurer un rapport d'ascendance sur autrui. Tous ces exemples accréditent le fait que pensée et parole peuvent être séparées ou, ce qui revient au même, que la parole peut être totalement instrumentalisée ; sans doute l'est elle-même de plus en plus à mesure que les rapports économiques deviennent prédominants. [...]
[...] Le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (1754) montre que l'homme s'élabore à travers une histoire mal orientée par défaut de méfiance à l'égard d'une inégalité d'abord physique et naturelle, se transformant vite en inégalité de convention puis en tyrannie politique. Du contrat social et Emile (1762) proposent des remèdes complémentaires : un pacte d'association donnant la liberté civile que garantit une loi émanant de la volonté générale une éducation capable de former un citoyen libre. Incompris de son vivant, Rousseau inaugure en fait une réflexion anthropologique et une conception dialectique de l'histoire qui se poursuivront notamment chez Hegel et Marx. IV. V. VI. VII. VIII. IX. X. [...]
[...] La séparation factuelle et logique entre parler et penser 1. Une dissociation parfois nécessaire Les cas sont si fréquents, où parole et pensée ne vont pas ensemble, qu'il est normal de considérer leur séparation comme possible, et même souhaitable parfois. La plupart du temps, ils sont unis, mais rien n'empêche qu'ils soient dissociés. Cette dissociation est voulue. Quand il s'agit de taire ce que l'on pense pour des raisons de civilité évidente : dit-on par exemple à quelqu'un que l'on connaît, ou non, qu'on le trouve laid(e) ? [...]
[...] Il faut donc parler pour avoir des idées générales conclut Rousseau. Et il faut donc parler pour penser, ou penser pour parler. La conclusion est la même si l'on examine la conscience : avoir conscience de quelque chose suppose qu'on puisse l'identifier et le distinguer de ce qui n'est pas lui. Les mots permettent cette précision. Sans les mots pour le dire, le contenu des idées est confus, on n'en possède pas une pensée véritable, juste un vague sentiment ou une intuition diffuse. [...]
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