Il semblerait que la question du devoir soit une question omniprésente et difficile. En effet, la notion de devoir n'est pas facile à cerner : comment expliquer qu'elle est perçue différemment de l'un à l'autre ? Prenons l'exemple de l'après-guerre, période durant laquelle le régime de Vichy pour sa « traîtrise » envers la France et son antisémitisme. Pourtant, le maréchal Pétain n'est-il pas resté convaincu qu'il s'agissait là d'un devoir pour le pays ? A l'identique, on a acclamé les résistants pour avoir accompli leur devoir de patriotes, alors que le régime de Vichy les considérait comme des traîtres et des terroristes. A l'image de cette contradiction, le devoir nous confronte à de nombreuses difficultés : lesquelles ? Il nous faut tout d'abord essayer de déterminer s'il existe une utilité à faire son devoir, pour ensuite nous demander s'il est nécessaire de « savoir le bien » pour pouvoir l'accomplir. Enfin, nous verrons si, en faisant notre devoir dans l'intérêt du bien général, nous n'entravons pas notre propre liberté.
[...] B) Savoir le bien...
Notre conscience et notre éducation font que nous pouvons savoir ce qui est bien ou mal, mais aussi connaître le bien. Il faut savoir faire la différence entre l'utile et le moral : le bien utile repose sur l'intelligence et l'habilité et sert nos propres intérêts, tandis que le bien moral repose sur la conscience, et ne vise en aucun cas un but matériel. Ainsi, d'après KANT, le commerçant ne fait pas son devoir et n'agit pas par morale lorsqu'il vend ses articles au même prix (...)
[...] La volonté humaine est parfois faible, et l'on oublie alors toutes ses résolutions et sa conscience pour sacrifier le bien moral à notre propre intérêt, quand le bien moral s'oppose au bien utile. Dans ce cas, on fait volontairement une faute, que l'on peut parfois complètement assumer. Plus grave, d'autres semblent toujours agir en opposition avec ce qui est bien, avec leur devoir. Reste à savoir s'ils seraient capables d'agir contre leur propre intérêt uniquement pour être immoral et contrarier la question du devoir . [...]
[...] Tout le monde ne semble donc pas avoir la même propension à faire son devoir. L'attraction du bien Pourtant, le bien, ce qui nous entraîne à faire notre devoir, exerce une véritable influence sur nous. Sinon, comment expliquer le sentiment de culpabilité que l'on éprouve après avoir commis une faute, même si personne ne peut le deviner ? Nous sommes donc guidés par notre conscience, sorte de voix intérieure, qui nous conduit sur le chemin de la morale. Sans cela, il serait difficile d'expliquer pourquoi, lorsqu'on trouve un portefeuille rempli de billets dans la rue, on cherche à le rendre à son propriétaire. [...]
[...] Ou l'amour de soi ? Cependant, ce désir de bienveillance envers les autres ne serait-il pas la conscience plus profonde de notre propre image ? En faisant son devoir, on accomplit ce que la société attend de nous, et on en ressent donc systématiquement un sentiment de satisfaction, de fierté. De plus, on soulage sa conscience, on se sent en règle avec la société. Persuadé d'avoir ainsi rendu service à la communauté, nous attendons souvent d'elle une reconnaissance. En semblant chercher à rendre service, à agir par pure altruisme, l'homme chercherait en fait à obtenir une bonne opinion de la part de ses pairs et à recevoir les mérites de ses actions, nous confrontant à la difficulté suivante : le devoir est sensé être accompli pour le bien d'un tout nous ne devrions donc pas y chercher un quelconque profit. [...]
[...] Ainsi, il ne faut lui chercher de raison, sans quoi nous ferions perdre au devoir toute sa signification. Il faut également bien comprendre que les notions de voir et de bien sont liées, mais par un lien complexe : rien n'assure qu'en apprenant le bien à un enfant, il ne fera pas le mal. Nous avons également vu que, si apparemment le devoir contraignait la liberté, il ne réglementait en fait que la dangereuse liberté du bon plaisir et permettait ainsi de sauvegarder la liberté pour tous et de s'affranchir de ses pulsions. [...]
[...] Devoir et liberté En effet, à la vue de certaines réactions, on peut se demander si accomplir son devoir entraverait la liberté individuelle, ce qui expliquerait certains refus, certaines divergences. Vivre en communauté Certes, faire son devoir sous-entend que l'on s'intègre à une communauté, composée de personnes qu'il faut respecter. Il faut donc être capable de freiner sa propre liberté pour ne pas manquer à ses devoirs. Si chacun vivait selon ses propres envies, comblant toutes ses envies sans se préoccuper des autres, on arriverait vite à une situation intenable. Dans ce sens, il est donc vrai qu'accomplir son devoir va parfois à l'encontre de la liberté individuelle. [...]
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