Dissertation de philosophie niveau classe préparatoire HEC. Comment peut on-aimer des mythes dans lesquels sont décrits violence, meurtre, matricide ou encore inceste ? Pour quelles valeurs mythes et philosophies sont-ils contradictoires, pour quelles autres le mythe apporte au philosophe ?
[...] Au cours des siècles, la compréhension du réel a inventé ses propres légendes. Le spectacle de l'Histoire, de l'aventure des hommes, s'y sont fixés en images et en symboles, en personnages mythiques, en exemples familiers, en allégories et en métaphores. La pensée s'y donne à voir. Ses figures sensibles habitent la culture, perdurent par la mémoire et sont sans cesse réactualisés par une société en évolution. Ainsi c'est être philosophe que d'aimer les mythes puisqu'ils sont le reflet d'une pensée collective, d'un imaginaire collectif. [...]
[...] Chercher dans le mythe une quelconque trace de vérité, explication de phénomène ou simple récit cathartique n'est pas se montrer philosophe. En revanche aimer les mythes en tant que réponse aux angoisses, au mal être d'une société ou en tant que récit paradigmatique est se montrer en quelque manière philosophe. Le mythe est alors un outil d'étude de la pensée, de l'imaginaire d'une société et outil pédagogique pour conduire les hommes vers le Bien. Le mythe n'est pas vide de sens et gratuit, il est libre à chacun de se montrer philosophe, d'une certaine manière, en tentant de comprendre sa raison d'être. [...]
[...] L'un tuant son frère et sans cesse poursuivi par le remord, héros des romans initiatiques, Robinson Crusoé recréant sur son île toute une civilisation, allégories, comme la statut de Glaucus, devenue méconnaissable au fil du temps à cause de l'érosion, comme le serait l'homme corrompu, paraboles communes, symboles, métaphores comme celle du lion et du renard, force et ruse agissantes de la politique, exemple historiques, comme la traversée du Ribucon par César, décision hésitée où l'histoire bascule. Toutes ces figures sensibles invitent à réfléchir sur la condition humaine et l'expérience, les passions, le désir et l'idéal, les tourments de la vie et de l'histoire. Ces mythes sont sans cesse revisités, réactualisés dans le souci d'un éclairage particulier, montrant un intérêt philosophique. Le mythe a alors une fonction paradigmatique. La collectivité y trouve, dans l'expérience des personnages qu'il présente, des normes de conduite admirables ou répréhensibles. [...]
[...] Une des interprétations du mythe est celle d'une forme d'explication des origines. Il répond aux mystères de la nature et permet de soulager les angoisses des hommes face à des phénomènes incompréhensibles pour eux. Cependant historiquement, le discours philosophique a supplanté le mythe. Les cosmogonies mythiques, qui racontent comment le monde s'est formé à partir d'une généalogie divine (comme dans la Théogonie d'Hésiode) ou d'intervention de personnages surnaturels, se sont peu à peu transformées en cosmogonies rationnelles. Les premiers philosophes de Grèce, Thalès, Anaximère, Anaximander et d'autres se sont proposés d'expliquer la formation du monde, et non plus seulement comme le mythe la raconter. [...]
[...] Le philosophe des sciences Georges Canguilhem écrit une connaissance qui n'est pas scientifique n'est pas une connaissance Ainsi la science, par le problème d'identité qu'elle pose à la philosophie (elle ira jusqu'à la remise en cause de l'existence de vérités philosophiques) éloigne de manière définitive le mythe de toute recherche, de toute explication rationnelle. La science semble mettre à mal la citation d'Aristote. De plus aimer les mythes au sens le plus simple pourrait sembler être une perte de temps. Ils détournent l'homme, et plus précisément le philosophe, de ses objectifs que sont, la quête de la vérité mais aussi de la sagesse et du bonheur. Par exemple pour les épicuriens, le plaisir qu'apporte l'étude du mythe n'est pas nécessairement bon à prendre. [...]
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