Philosophie au Moyen Âge, Thomas d'Aquin, platonisme christianisé, Saint-Augustin, philosophie théocentrique, théologie, Eucharistie, résurrection du Christ, Aristote, monde sensible, nominalisme, Guillaume d'Ockham, substance, acte d'exister
Nous avons décidé de suivre une interrogation philosophique en choisissant de nous arrêter à certaines stations très importantes, ce qui ne veut pas dire que les autres ne le soient pas. Nous avons mis en scène certaines questions essentielles, mais nous sommes obligés de passer en quelques phrases des siècles de pensée. On peut dire que le courant principal de la philosophie chrétienne jusqu'au XIIIe siècle est un platonisme christianisé. Augustin (354-430) aura une influence énorme sur toute la pensée médiévale, et même au-delà, avec Luther par exemple. Augustin développe une philosophie théocentrique. Toute chose est ramenée à Dieu comme à sa source et à sa fin ultime. Les créatures n'ont de valeur qu'en tant que référées à Dieu, comme autant de signes ou de reflets de son infinie perfection.
[...] En fait, cette expérience est centrale au niveau anthropologique. Nous allons montrer que l'homme se caractérise par le pouvoir de laisser transparaître dans sa réalité même ce qui lui donne d'exister. IX. L'anthropologie thomiste L'anthropologie que développe Thomas d'Aquin est très importante et fournit des éléments essentiels à notre interrogation. Le philosophe et théologien dominicain va développer une réflexion très profonde sur l'énigme de ce qui fait que l'homme n'est pas seulement une réalité spécifique, mais est toujours au sens fort quelqu'un, une personne, ce qui est en fait beaucoup plus qu'un individu. [...]
[...] Le retour d'Aristote Le climat de la philosophie jusqu'au XIIIe siècle est un climat platonisant. Le monde sensible a finalement peu de valeur, sinon comme le reflet de l'infinie perfection de Dieu produisant les essences éternelles et toutes choses. La Pensée qui se pense, chez Aristote, on s'en souvient, n'est pas tournée vers le monde. Elle est à elle-même son pur et seul objet. On se souvient aussi chez Platon qu'il y a des essences réelles (cette thèse n'ayant de sens qu'à partir d'une expérience illuminative), mais le problème est de savoir si ces essences réelles et éternelles ne doivent pas être produites par une Pensée éternelle. [...]
[...] On peut s'en passer pour comprendre le réel et pour comprendre la connaissance que l'homme en a. On radicalise en ce sens la thèse aristotélicienne selon laquelle les essences n'existent en acte que dans la connaissance, à la différence près, mais considérable, qu'on ne considère plus la réalité comme ayant en elle des formes substantielles. Avant l'épisode nominaliste, on considérait la plupart du temps que les termes universels avaient pour référent immédiat des natures universelles objectives et seulement ensuite des individus qui y participaient (Platon) ou qui la portaient en eux, au moins en puissance (Aristote). [...]
[...] Je ne vois donc pas Dieu quand je vois cette table devant moi, même si l'acte d'exister de cette table "émane" de celui de Dieu. La création consiste précisément en ce que l'acte d'exister qui émane de Dieu devient totalement l'acte d'exister de la chose précise dont il est l'acte. Il n'y a qu'une seule existence, celle de Dieu, mais dont la surabondance rend possible la création d'un monde qui est tout à la fois en Dieu et hors de Dieu, un monde donc qui est créé par Celui qui Est et qui partage son acte d'exister. [...]
[...] Sous l'influence de Augustin, la philosophie se voit assigner pour seul rôle d'introduire et de préparer à l'étude des Écritures, c'est-à-dire à la théologie. Tout le savoir converge vers celle-ci et lui est étroitement subordonné. Tout en préservant l'héritage antique, l'Église ne se contente donc pas de le reproduire tel quel, mais elle le modèle et l'infléchit en fonction de la vie et de la pensée chrétiennes. I. La philosophie servante de la théologie On rit souvent des penseurs médiévaux qui se disputent sur le sexe des anges. Nous voudrions attirer l'attention sur ce que ce type de pensée a de fondamentalement intéressant. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture